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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
22 février 2016

En Provence

Bernadette Zygart

DSCN2225

C'est un vieux village provençal typique, aux  ruelles étroites qui serpentent gaiement entre les maisons. Parmi les plantes grimpantes qui courent le long des façades, on peut admirer des bignones, jasmins et autres chèvrefeuilles odorants dont on se demande comment elles peuvent être aussi luxuriantes, ne prenant racines que sous le pavé ou le bitume... Même chose pour les lauriers !
Ici, la campagne départementale  de rénovation est tout à fait réussie. La pierre des façades, nettoyée, restaurée aussi parfois, les volets repeints aux  couleurs harmonieuses les unes avec les autres, quel bel ensemble ! C'est un bond en arrière dans le temps, qui permet d'imaginer le village aux origines de son édification.
 Au détour d'une rue, le choix est vite fait de se diriger vers une arcade un peu sombre, un peu mystérieuse...Une fois franchie cette zone d'obscurité, on se retrouve au grand jour. Un olivier géant trône au centre d'une placette, quelques bancs invitent à la détente, et le pourtour est garni de jardinets créés et entretenus par des riverains qui demeurent à l'extérieur de cet endroit. Au sol, des pavés irréguliers et dans l'air, une odeur entêtante indique une présence animale...Levant les yeux vers le grand olivier, l'explication est donnée : un énorme chat couleur enthracite, conscient sans doute de son aspect impressionnant, regarde fixement  le visiteur comme s'il voulait l'hypnotiser ! Les "minou minou" ne l'atteignent pas, il détourne la tête et d'un bond saute sur une branche supérieure...Fascinant !
Il est 15 heures. Habillée avec soin et coquetterie comme à son habitude, Louise VICTOR ferme la porte de sa maison : belle porte, elle aussi remise à neuf, en chêne massif, - visserie rutilante - dont on devine le poids lorsqu'elle se referme.
Elle se veut toujours bien mise, Louise, même lorsqu'elle ne sort pas ; satisfaction personnelle qui lui reste de son métier de commerçante, lorsqu'elle devait aider la clientèle à choisir un voilage ou un double rideau à harmoniser selon le goût de chacun. Chaque fois qu'elle s'absente pour quelques heures, elle jette un regard vers son jardin qu'elle a souvent passé la matinée à entretenir ou fleurir. Satisfaite, elle se dirige vers la sortie du village. De temps à autre, elle passe par cet endroit qui porte un drôle de nom :"rue du fossé" dit Trou au chat". Elle croit savoir - parce qu'on le lui a raconté que ce sobriquet date du Moyen Age, à l'époque d'une invasion de chats venus d'Egypte, amenés par un amoureux d'une jeune fille du village qui lui a refusé ses avances... Les chats sont restés, c'était une race dangereuse et l'on entreprit une campagne d'extermination. Il existait un fossé très profond, jamais à sec, les chats y furent noyés en nombre puis enterrés aux abords. Il s'en suivit de dures épreuves pour les habitants : maladies bizarres et variées, inexpliquées. L'âme des chats, peut-être ! 
Poursuivant sa route vers la sortie du village, Louise pense à son amie Suzanne chez qui elle se rend souvent l'après-midi. Celle-ci sera sûrement heureuse de la voir. Elle lui proposera aujourd'hui une partie de cartes et à l'avance elle s'en réjouit. L'après-midi fut agréable, Suzanne lui avait concocté une excellente tarte aux pommes et un café délicieux.
Elle gagna aux cartes, comme d'habitude, les deux amies se séparèrent le soir un peu distantes, comme d'habitude, et Louise, sur le chemin du retour s'obligea à relativiser l'issue de la partie, comme d'habitude !
Malgré tout satisfaite de son après-midi Louise passa à la boulangerie avant de rentrer chez elle. Elle habitait une jolie maison de village restaurée depuis peu et chaque fois c'est avec satisfaction que Louise met la clef dans la serrure de cette belle porte massive.  Au rez-de-chaussée, un couloir central distribue les pièces de part et d'autre. Au sol, des tomettes, traditionnelles, qui assombrissent un peu et qu'elle songe à remplacer. Sa cuisine"presse-bouton" à laquelle elle a eu du mal à s'habituer mais dont elle ne saurait plus se passer ! Le jardin ajoute à la quiétude. De même, beaucoup de bibelots - souvenirs de voyages - viennent  l'aider à l'inspiration.
De l'autre côté du couloir central, une grande pièce aux dimensions vastes comportent la salle à manger avec accès direct au jardin et le salon, dans une autre partie, plus sombre et 
feutrée, tournée vers la cheminée. A l'étage, 4 chambres et deux salles de bains. Grande maison, pour elle seule, mais il fut un temps où c'était animé ! Elle ne l'est plus autant, sauf
chaque été et ponctuellement désormais.
Le jour décline  ;  tandis que Louise songe à fermer les volets pour la nuit, ellle entame une conversation sur le pas de la porte avec sa voisine, sympathique jeune maman  d'une petite fille née depuis peu. Puis d'autres habitants se joignent aux deux femmes, principalement occupées à parler doucement à l'enfant. La conversation devient générale comme souvent et  très vite des rires fusent, témoins de l'ambiance. Puis chacun se sépare, heureux de ce partage de vie. Les portes  se ferment, le moment attendu par les chats du voisinage de tenir conseil.
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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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