Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
30 novembre 2015

La terrible vengeance de Victoire

Liliane Fainsilber -

Marc Chagall-カイ-10

Vladimir et sa femme Victoire travaillaient tous deux au grand cirque Pinder. Vladimir était dompteur et Victoire sur son trapèze, tout en haut du chapiteau, se lâchant des deux mains, impressionnait par ses prises de risques tous les spectateurs.

Ils étaient tombés amoureux l'un de l'autre quand ils étaient très jeunes, mais les années avaient passé et Vladimir s'intéressait beaucoup désormais à une écuyère qui faisait son numéro en sautant d'un cheval à l'autre tandis qu'elle faisait ses tours de pistes.

Victoire était d'origine corse et avait un tempérament de feu. Il y avait de plus dans sa famille un long passé de vendetta. Un de ses frères avait exterminé toute une famille voisine, dans son village, en raison d'un regard jugé trop insistant à l'égard de sa soeur. Extrêmement jalouse de sa rivale, Victoire décida un jour de se venger des deux amants, mais comme elle souhaitait que cette vengeance soit cruelle, elle mit de longs jours avant de savoir comment elle procéderait.

Elle avait pensé un temps pouvoir les empoisonner en leur offrant un délicieux breuvage de sa confection, mais elle eut beaucoup de mal à convaincre le droguiste de lui vendre la mort aux rats qu'elle comptait y verser dedans.

Elle contacta de même un pharmacien de ses amis pour tacher d'obtenir une drogue suffisamment puissante pour pouvoir les endormir à jamais, quitte à souffrir terriblement de les savoir endormis l'un à côté de l'autre. Mais le pharmacien refusa également de lui rendre ce service.

 

C'est alors que Victoire commença à envisager une autre solution, solution qui exigerait d'elle beaucoup plus de patience pour arriver à ses fins.

Elle entreprit donc, comme première étape de sa machination, de séduire de ses charmes le responsable du spectacle celui qui avec le directeur organisait et surtout choisissait les numéros du cirque. Cela lui prit quand même un certain temps mais quand elle fut arrivée à ses fins, quand elle eut suffisamment d'influence sur lui, elle réussit à le convaincre de faire participer la jeune équilibriste au numéro que faisait le dompteur avec ses tigres et ses lions. Selon elle, ce serait en effet un magnifique numéro qui plairait beaucoup au public si au lieu de sauter d'un cheval à un autre lancés au galop, elle sautait sur le dos de ces fauves. Elle usa tellement de ses charmes qu'elle réussit à convaincre le manager de l'intérêt de ces prouesses jusque là inédites.

 

Poursuivant avec méthode son entreprise mortifère, elle demanda alors à son apothicaire des comprimés d'amphétamine, car elle devait, disait-elle, préparer des examens et devait absolument se tenir éveillée pour pouvoir étudier. Comme elle ne put obtenir de lui qu'une seule boite elle se trouva contrainte de renouveler l'expérience plusieurs fois auprès de tous les pharmaciens de la ville et des environs. Lorsqu'elle en eu, selon elle, une quantité suffisante, elle pensa qu'il était temps de passer à l'action.

Alors qu'à grands sons de trompettes, passant par toute la ville, les responsables du cirque annonçaient ce grand numéro, Victoire se glissa près de la cage des fauves et leur fit avaler dans un bout de viande qu'elle avait gardé de son dîner, tous les comprimés d'amphétamine qu'elle avait extorqué à tous les pharmaciens de la région. Au bout de dix minutes, les lions et les tigres commencèrent à s'exciter dans leur cage et ils était donc à même de réaliser la vengeance soigneusement concoctée de Victoire.

 

C'est ainsi qu'au milieu de la piste eut lieu un vrai carnage. Les lions et les tigres ne firent de ce pauvre Vladimir et de sa nouvelle compagne qu'une seule bouchée. Victoire était bien vengée.

 

Lorsque Hélène avait relu sa nouvelle et trouvé son titre, elle se demanda si ce qu'elle avait écrit était plausible. Ce qu'elle mettait le plus en doute c'est le fait que cette charmante écuyère ait pu ainsi chevaucher des tigres et des lions pour réaliser son numéro, mais, comme de toute façon on a beau souhaiter la mort de tous ses rivaux, il est rare de voir ces souhaits se réaliser, elle s'était dit que plausible ou pas, elle s'était bien amusée en écrivant cette nouvelle.

 

Elle croyait ainsi en avoir fini avec ce travail d'écriture mais il se trouva que pendant la nuit, elle fit un rêve : Elle assistait à une sorte de banquet ou de réunion de famille. L'atmosphère était joyeuse et détendue. Son mari à côté d'elle se mit soudain à écraser du poivre dans son cou, plus exactement dans le creux des clavicules qu'on appelle, quand les gens sont trop maigres, des salières. Elle lui demanda ce qu'il faisait mais sans attendre sa réponse, elle se réveilla.

Elle n'eut pas à chercher bien loin, la cause de son rêve. Il était un écho à la nouvelle qu'elle avait écrite la veille. Si son mari l'avait « assaisonnée » de sel et de poivre, c'était pour la manger toute crue. Dans son rêve, les rôles s'étaient donc inversés, c'était elle qui l'avait trompé mais de cette infidélité conjugale, il ne restait qu'une trace : le fait que son mari voulait se venger d'elle et menaçait de la dévorer comme les tigres et les lions de sa nouvelle.

Nul n'étant maître de ses rêves, s'il peut l'être de ses actes, elle décida de se pardonner cette rêveuse infidélité et surtout de la garder secrète. Elle demanda alors à son mari s'il avait bien dormi. Oui, lui répondit-il !

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
26 novembre 2015

Le père Camille

 Daniel Fainsilber -

 

Paysan-Vosgien

Dès la petite enfance, vers cinq ou six ans, j'ai toujours aimé le jardinage et je descendais au jardin pour travailler avec le Père Camille. Cet homme approchait de ses quatre vingts ans, ce qui à l'époque était un exploit. Il avait des gestes lents mais harmonieux, la parole rare mais amicale. Il me montrait le travail de la nature, j'écoutais ses paroles avec grande attention . Il m'expliquait quel soin il fallait apporter aux plantations, à quel moment semer, désherber et aussi démarier les carottes et les radis, à quoi on reconnaissait la maturité et quand on pouvait récolter. Je me souviens qu'il m'avait réservé un carré de jardin et confié un semis de radis. Il avait été tout étonné de mon goût pour le jardinage.

Il entremêlait volontiers le français et le patois du nord : « Min Tchiot », mon petit, « Em Fieu », mon fils, « Pousse El Berrouette », « t'occupe nin du capio del gamine tire el carette ».

il y avait aussi d'autres mots qui me plaisaient bien tel « el bistouille » qui était un café arrosé de calvados. J'admirais beaucoup ses vêtements en velours côtelé de couleur bronze. Une chaîne en argent ondulait sur son gilet et maintenait une grosse montre ronde dans la pochette à portée de main. Il portait une casquette elle aussi en velours côtelé. Il avait de belles moustaches, des sourcils très fournis et une peau ridée.

Ce personnage contrastait avec mon père qui lui, était toujours en costume de ville avec gilet, veston et col de chemise amidonné. Le jardinage lui était étranger et il avait bien du mal à planter un poireau.

 Très souvent ma mère me confiait la préparation de la soupe de légumes. J'avais plaisir à aller avec un panier et un couteau choisir des feuilles de chou, de betteraves, de salade , déterrer des poireaux et des carottes. J'étais d'autant plus content que mon frère craignait toujours de se salir les mains, alors que de mon côté j'aimais bien toucher la terre.

 

Il y avait au milieu du jardin une butte de terre au sommet de laquelle trônait un vieux frêne pleureur. Mon père y avait fixé deux balançoires et avec mon frère c'était à celui qui se projetterait le plus haut. C'était joyeux, nous étions des enfants heureux ! Je garde comme image de bonheur le souvenir d'un merle qui chantait, posé sur le faîte du toit, bien droit sur ses pattes. Le ciel était bleu, l'air doux du printemps. Mon frère et moi sur les balançoires et ce merle qui chantait à tue-tête, il criait sa joie et son bonheur de vivre.

 

 

 

 

25 novembre 2015

Eloge du Cycle

     Renée Gauvenet -
      3331214060_cb16eb67c5  Les réveillons de Noël se passaient toujours chez le frère de sa Maman qui avait épousé  une  femme adorable.
        Et, joie suprême, la petite fille avait le droit d’y passer la nuit pour recevoir le lendemain ses cadeaux.
        Elle aimait tant  cet appartement  un peu bohème empli d’objets art-déco, de tables basses, de tapis luxuriants et de coussins moelleux, qui contrastait avec celui de ses parents,  confortable, certes mais beaucoup plus classique
        Inutile de dire qu’elle y régnait en souveraine, dormant sur ces amas de coussins, et se précipitant dès le réveil dans le grand lit.
        Sa  tante y jouait de la mandoline pour accompagner les airs d’opérette qu’elle connaissait par cœur, et son oncle les régalait de merveilleux croissants et brioches. Et ce n’étaient que câlins et bisous échangés jusqu’au moment  de découvrir enfin ce que contenaient les paquets multicolores.
        Cette année là ( la  fillette avait environ trois ans) avait demandé une trottinette  avec une pédale, dont elle rêvait depuis longtemps.
         Dans cet immeuble moderne ou il n’y avait pas de cheminée, mais  le chauffage central,  c’était devant un radiateur qu’on déposait les cadeaux….
        Elle découvrit une petite patinette en bois, sans pédale, verte et rouge  fut un peu déçue mais qui lui fit néanmoins grand plaisir. Pas un moment elle ne se demanda  comment elle avait pu passer par les éléments du radiateur (il est évident que le tout puissant Père Noël  savait tout faire)
        Empotée qu’elle était, elle savait à peine s’en servir, et lorsqu’elle demanda un tricycle, il n’en fut pas question.
        Mais la bicyclette, quelle merveilleuse invention !!
        Et plus tard l’enfant fut mise en demeure d’apprendre à utiliser cet instrument bizarre qui n’avait même pas de roues  arrières. Il est vrai qu’elle avait des antécédents, car son arrière-arrière grand-père maternel collectionnait des draisiennes et autres cycles (de jolies dames aussi, mais c’est une autre histoire).             draisienne-1818
Un jour , on jucha cette minuscule enfant sur un instrument appartenant à une
cousine  qui  mesurait au moins un mètre quatre vingt !
        Elle réussit à monter en danseuse, mais dès que son postérieur rencontrait la selle, patatras, tout s’écroulait.
        Inutile de raconter les chutes, les bleus, les écorchures et les larmes.
        On finit par se rendre compte qu’elle n’était absolument pas douée et on cessa de la torturer ; Elle retourna bien vite à ses poupées et aux bras consolants des adultes ;
        Elle grandit au point qu’elle devint monitrice dans une colonie de vacances, et qu’on la chargea d’aller chercher le lait quotidien, avec un vélo auquel était attachée une petite remorque, qui contenait deux gros bidons. Les petites se battaient pour être celle qui pourrait se joindre à l’expédition.
        Bien entendu, elle n ’osa  jamais avouer son incompétence.
        Elle quittait en danseuse, la  colonie, avec les bidons et deux petites filles dans la remorque. Hors de vue, elle continuait le reste du voyage à pied, en tenant le guidon, jusqu’à la ferme voisine, en chantant à tue-tête et parfaitement faux, avec ses deux acolytes, et revenait de même .
        Jamais aucune des fillettes ne la trahit. C’était pour elles,  une merveilleuse promenade, qui les changeait des bâtiments austères dans les quels elles logeaient.
        On se demande comment des religieuses confiaient avec une inconscience totale, des enfants de cinq ou six ans à une jeune fille tout aussi inconsciente !
        Il n’y eut, Dieu merci, ni lait renversé, ni surtout de chutes.
        La jeune fille, devenue grand-mère, ne sait toujours pas monter à bicyclette...

 


      

23 novembre 2015

Le Mont Blanc

Marie-Claude Miollan -



e7849ce6f900fec4e10368a8b7f553eb_large

Tous les ans en hiver, je passe une semaine à Chamonix. Tous les ans je demande la même chambre avec vue sur le Mont Blanc à l’Hôtel « Les Crêtes Blanches ». C’est un hôtel trois étoiles. Depuis le temps que j’y viens les hôteliers sont très aimables avec moi, la nourriture y est variée et savoureuse. La chambre est grande, claire et confortable. De la terrasse je peux admirer la vallée Blanche, le téléphérique qui monte et descend empli de skieurs pressés de rejoindre le sommet, des enfants dévalant à toute allure sur leur  luge des pistes raides et des marcheurs qui apparaissent et disparaissent à travers les sapins. Surplombant des toits qui fument, j’imagine les feux de bois se consumant dans les cheminées des maisons.
Dans l’incapacité de me déplacer, je passe de longs après-midis seul face à la montagne sans me lasser.
Une jeune femme vient vers 17 h me servir un thé et me tient un moment compagnie. Nous contemplons et admirons tous deux la montagne. C’est un moment très agréable. Puis elle repart et je reste de nouveau seul.
Vous allez être étonnés, mais je ne sais toujours pas pourquoi je vous raconte cela, car je ne suis jamais allé à Chamonix et n’ai jamais vu le MONT BLANC autrement qu’en carte postale.

22 novembre 2015

L'orage par René Stepan

L’ORAGE

C’est ma voisine ; Elle se nomme Emma, Emma Bovary. Elle me semble très rêveuse, romanesque et semble s’ennuyer. Toujours un bouquin à la main, elle se promène souvent dan s le parc bien entretenu de la résidence que nous occupons, en Normandie. Son mari  s’absente souvent pour son travail.

Je ne sais comment l’avouer, cette femme m’attire. Est-ce sa beauté, sa nonchalance ? Je ne puis le dire…

Lorsque je l’observe de mon balcon, je ne peux m’empêcher de la désirer comme je n’ai jamais désiré d’autre femme. Mais je l’aime en secret, ma timidité naturelle et bien connue m’empêchent de lui déclarer ma flamme, même de lui parler…J’aurais bien envie de lui tenir compagnie pendant ses instants de solitude.

Un jour d’orage, vautré sur la canapé du salon, à feuilleter un de ces quotidiens sportifs résumant les résultats et les prouesses de la veille, j’entendis un gros coup de tonnerre précédé d’un éclair qui zébrait le ciel…

L’incroyable :

Et puis, surprise, on frappe à ma porte… toc ! toc ! toc ! c’est ma voisine Emma.

Et là, je ne peux que laisser raconter cette histoire par Georges Brassens :

 

Le plus bel amour qui me fut donné sur terre

Je le dois au mauvais temps

Je le dois à Jupiter.

 

Il me tomba d’un ciel d’orage :

Bondissant de sa couche en costume de nuit

Ma voisine affolée vint frapper à mon huis

En réclamant mes bons offices

 

« Je suis seule et j’ai peur ouvrez-moi par pitié

Mon vient de partir faire son dur métier »

Pauvre malheureux mercenaire !

Orage_lumiere

 

Contraint de coucher dehors quand il fait mauvais temps

Pour la bonne raison qu’il est représentant

D’une maison de paratonnerres.


Toi qui vends des paratonnerres à foisonAdresse au mari :

Que n’en as-tu planté sur ta propre maison

Erreur on ne peut plus funeste.

Ah ! L’amour

En bénissant le nom de Benjamin Franklin,

Je l’ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins

Et puis l’amour a fait le reste…

Mais elle n’est pas revenue !

Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs,

La belle rentra dans ses foyers

Et me fixa rendez-vous au prochain orage !

Mais elle n’est pas revenue !

En attente…

A partir de ce jour j’ai consacré mon temps

A observer les cieux,

A guetter le mauvais temps

Mais plus aucune nouvelle !

L’explication :

Son mari a vendu ce soir-là

Tant de p’tits bouts de fer

Qu’il est devenu millionnaire.

Ils habitent maintenant sous des cieux toujours bleus,

Des pays imbéciles où jamais il ne pleut….où l’on ne sait rien du tonnerre !

 

 

Publicité
Publicité
22 novembre 2015

SURPRISE

SURPRISE par René Stépan

Ce soir, Saint Valentin. Le repas en amoureux que nous avons concocté avec Sandra, ma compagne du moment, est prêt. Verrine de haricots verts, gnocchis bolognaise préparés par le traiteur italien de la rue, dessert croquant cuisiné par notre amie, prof de français sympa enseignant je ne sais où.

Table joliment décorée, nappe à fleurs, couverts en argent, musique de fond : Cécilia Bartoli et sa voix divine… Tout est en harmonie. Nous nous sommes même habillés pour la circonstance : costume trois pièces pour moi, robe de soirée pour Sandra, maquillage.

Les portables sont sur vibreur pour ne pas casser l’ambiance de la soirée. Seul l’avertisseur d’SMS  fonctionnera.

Après l’apéritif , las mises en bouche et  le champagne, nous entamons une succulente verrine aux haricots verts quand soudain, un SMS me prévient d’un message sur mon portable.

Que faire ? le lire ou l’ignorer ?

Sandra me dit :

« Lis-le donc ! »

Je lis donc le message. Celui-ci me propose de me rendre ce soir 20 heures au 12 de la rue du Petit Pont au restaurant «  Le Rendez-vous », sans aucune autre explication.

Interloqué mais curieux, je fais part à Sandra du message. Elle me dit :

« Vas-y ! Je t’attends si ce n’est pas trop long. Je vais bouquiner en musique ! »

Ma curiosité l’emporte : je me précipite à l’extérieur de chez nous.

La rue du Petit Pont n’est pas très loin de l’appartement : dix minutes à pied au maximum… et je connais bien le resto. Tout en marchant ,je me pose des tas de questions , me demandant qui pouvait bien me fixer un rendez-vous un jour comme ça dans ce resto .lJ’y arrive et entre….  Surprise ! Installé à une table centrale, mon voisin du dessus, Dominique, téléphone à la main, attend avec un grand sourire et un bouquet de roses.

«  Surpris ? C’est la Saint Valentin ! J’ai pensé déclarer mon attirance pour toi aujourd’hui ! »

Je ne sais pas quoi dire, mais je ressens un certain plaisir ….

Sur ces paroles, je m’assois à ses côtés et lui répond, tout ému:

« En effet, moi aussi, cela fait longtemps que je voulais te parler ! Et je ne savais pas comment trouver l’occasion. »

L’occasion faisant le larron, nous nous prenons la main, parlons de tout et de rien, commandons du champagne puis nous embrassons longuement après avoir bien conversé, le serveur en ayant vu et entendu d’autres, et décidons de fêter cette rencontre inattendue à notre manière…

Resto, puis chez Dominique, lumière tamisée, musique douce, etc…

Sandra pourra lire son bouquin jusqu’au bout et laisser finir le CD…

Je précise que je n’ai jamais connu une telle situation !!!

 

SUITE ET FIN

Les premiers temps furent idylliques avec Dominique. C’était un garçon charmant, plein d’attentions à mon égard. Il n’oubliait jamais de m’offrir des fleurs ou des cadeaux pour des moments importants, fêtes ou anniversaires.

Au bout de quelque temps, j’ai commencé à me lasser de la relation homme- homme l, bien qu’elle fut considérée comme normale. C’est le jour où Dominique m’a proposé le mariage et l’adoption d’un enfant qui serait à nous deux que j’ai commencé à me détourner de lui. Non pas que j’étais opposé à ses propositions, mais l’avenir me gênait : couple de garçons mariés puis papa et maman d’un enfant. Que lui dire après ?

Et puis, Sandra me manquait à tous les points de vue : son odeur, sa féminité, nos étreintes, se façon de s’habiller, de se maquiller, de marcher, d’entrer à mon bras dans un restaurant, ses commentaires sur un fil ou une pièce de théâtre.

J’ai donc décidé d’en parler avec Dominique. Celui-ci a fort mal pris la chose :

« Comment, je pensais que nous nous aimions assez puissamment pour franchir les caps du mariage et de l’adoption d’un enfant… Mais si tu préfères une femme, je m’incline… »

Je ne savais pas quoi répondre, mais ma décision, longue à prendre, était définitive : je romprai avec Dominique et essaierait de reconquérir le cœur de Sandra ou d’une autre.

Les plus belles histoires d’amour ont donc une fin, mais je suis persuadé que Dominique trouvera  chaussure à son  pied pour accomplir ses rêves !...

 

 

 

 

20 novembre 2015

Buffles

Marie-Claude Miollan -

Buffles

-Oui…B..jour.

-Tu as l’air bizarre, tu te sens bien ?

-Euh ! Oui ! Hier soir en sortant du métro, déambulant sur le trottoir, j’ai croisé un troupeau de buffles.

-Intéressant, tu vas bien ?

-Moi, je vais bien, c’est eux qui ont eu peur, un chasseur à cheval armé d’un arc les poursuivait.

-De plus en plus intéressant !

-Mais attend, derrière les buffles, j’ai vu de mes yeux vus une famille d’éléphants arrachant et dévorant les arbres du jardin des Batignolles. Les enfants dans le parc les observaient de loin bien sur, tout comme moi.

-C’est tout ? Rien de plus ?

-Mais écoute-moi … C’est incroyable. Un léopard qui me suivait depuis un moment sans que je m’en aperçoive a tenté de m’empêcher de rentrer chez moi, je veux dire chez nous. Il était devant la porte, la gueule ouverte prêt à me sauter dessus et en même temps il me faisait des clins d’œil.

-De mieux en mieux, qu’as-tu fumé ce matin ?

-Arrête, il ne s’agit pas de cela. Je viens juste d’essayer de te raconter mon rêve de cette nuit.

 

 

 

 

 

19 novembre 2015

Souvenirs de vacances

Bernadette Zygart -

 

erdeven 074

Nous sommes début juillet dans les années 1948/1950... les vacances commencent et aujourd'hui c'est le départ... Les valises sont descendues, il règne au rez-de-chaussée une "ambiance", une effervescence uniques. 

Le soleil, la chaleur, les portes ouvertes, le décor est planté, tellement agréable !
Au dehors, dans la cour comme dans les environs, règne l'odeur de café torréfié dans le brûloir et le bruit dans la"boule" au gré de la rotation dans le fourneau ressemble au tintement  des maracas...Tout cela se cumule en souvenirs...
Quelques heures plus tard tout  le monde est prêt, le père conduit son épouse et leurs cinq enfants dans ce petit village de MARIAKERKE en Belgique près  d'Ostende. C'est  dans le petit cimetière que repose le peintre expressionniste James ENSOR.
La durée du trajet permet beaucoup d'échanges entre les voyageurs, rapports classiques entre parents et enfants, entre frères et soeurs  à propos de la vie quotidienne, des consignes et des promesses de toutes sortes. Le père ne fera que l'aller-retour, gardien de la maison et du magasin. Il reviendra les week-ends, parfois accompagné d'autres membres de la famille heureux de "voir la mer"
Le dimanche c'est la messe dans la petite église bondée. Une chaisière passe dans les rangs pour percevoir la redevance pour l'utilisation des chaises.
Le curé - qui parle français pour les touristes - remercie la chorale pour sa prestation tout en lui demandant de chanter plus vite !!
La petite dernière de la famille, celle qui nous intéresse, n'a au début qu'un seul compagnon de jeux, son frère, de 3ans 1/2 son aîné,  les autres aînés sont beaucoup plus âgés. Les deux plus jeunes s'entendent à merveille, lui déborde d'imagination, d'humour. Sur la plage ils construisent des barrages de sable dans les poches d'eau ménagées par  la  mer quand elle se retire, ou des châteaux de sable, avec l'espoir que la marée haute ne les détruise pas tout à fait.
Ils jouent aussi aux billes en élaborant un circuit de sable, avec des virages, des montées et descentes, des tunnels. Les baignades enfin sont le prétexte des jeux avec une bouée avec les aînés Leur mère,qui déteste l'eau, les surveille de loin, comme de près, leur intimant  de sortir dès qu'une vague leur caresse le haut des cuisses ;elle-même remonte sa jupe le plus haut possible dès que ses chevilles sont couvertes d'eau.
C'est une époque juste après guerre,le petit village porte encore les marques d'immeubles bombardés, effondrés. La petite fille regarde tout cela, quelque peu interrogative devant ces fenêtres sans vitres ni menuiseries, dans son regard soudain apeuré on peut lire la  tristesse des images qu'elle imagine à partir de ce  qu'elle voit ; elle ne dit rien et personne ne l'interroge ; son frère n'est pas dans son monde à ce moment là.. Cependant,demain, dans . les dunes, ils joueront autour du grand blaukhaus et sur les pistes en béton que des jeeps ou autres engins de guerre ont empruntées.  Elle sera infirmière de guerre et lui commandant
de troupes dans le jeu qu'il aura encore inventé.
Le soir après le repas, ensemble tous les quatre ils partent en promenade vers la plage, partageant le plaisir de la quiétude du soir : peu de monde sur le sable à marée basse, le coucher de soleil, le flux et le reflux des vagues qui invitent à la rêverie. Les deux jeunes enfants, infatigables, inventent d'autres jeux, recherche de coquillages, course de vitesse, allers et retours vers les aînés qu'ils entourent en riant, lesquels tentent de ramener le calme,avant de jouer à leur tour avec les petits.
Parfois un cavalier, ou plus, dans le couchant ajoutent à la poésie du lieu, à moins que ce ne soit un pêcheur de crevettes avec son filet.
Au cour de ce séjour "à l'étranger" ils devaient être déclarés auprès des services de Police locaux. Encore une occasion de fou-rires dans la salle d'attente, provoquant l'agacement de leur mère, déjà énervée par cette obligation administrative qu'elle trouvait inutile !
Souvenir aussi de la boulangerie-patisserie, sur le coin d'une rue, excellents produits dont  ces "sous" en chocolat entourés de papier doré ou argenté. Un peu plus loin c'était l'épicière "Georgette" que nous étions heureux de revoir chaque année avec sa façon d'appeler "vidange" le retour des bouteilles de limonade consignées.
Tout un passé qui resurgit, presque à la demande. Je l'avais un peu oublié et je regarde vivre cette petite fille, lui tenant la main et nous nous sourions.
11 novembre 2015

Les mots incertains

 Liliane Fainsilber -

chagall_3

Il n’est pas facile d’être une petite fille de trois ou quatre ans et d’être obligée d’apprendre beaucoup de mots dont on n’a pas encore deviné à quoi ils servent. Ainsi l’autre jour je me trouvais devant la vitrine d’un marchand de glaces et je ne savais pas quel parfum choisir, tellement il y avait de couleurs de glace. Il y en avait une que j’aurais bien aimé avoir, elle avait une très belle couleur verte mais je n’étais pas très sûre de savoir comment elle s’appelait. C’était un nom comme moustache ou pistache et voilà que j’ai choisi le mauvais mot en disant "Je voudrais, s’il vous plait, une glace à la moustache". Tout le monde s’est moqué de moi, surtout mon petit copain Michel qui a un an de plus que moi et qui est tout fier de savoir déjà lire et écrire, alors que moi, je ne  sais pas encore. J’ai encore terriblement honte de les avoir fait rire à cause de cette glace à la moustache et je les ai tous détestés.

Il y a encore plein d’autres mots qui sont difficiles à comprendre et que les parents n’aiment pas tellement nous expliquer, c’est par exemple celui qui se trouve dans la prière qu’on récite le soir, après le notre père qui êtes aux cieux, celui du "Je vous salue Marie..." Il y a ce Jésus qui s’appelle le fruit de vos zentrailles. Je me demande bien quel est l’arbre qui s’appelle "zentraille" et quelle est cette sorte de fruit qui s’appelle Jésus. Je comprendrai peut-être mieux quand je serais grande et que je pourrais retrouver tous ces mots dans le dictionnaire. J’irais peut-être en rechercher d’autres, par exemple qu’est-ce que ça veut dire « être amoureux ». Je sais quand même un peu ce que ça veut dire car à l’école maternelle on chante souvent cette chanson «  Bonjour, Guillaume, as-tu bien déjeuné ? Oh, oui, Madame, j’ai mangé du pâté, du pâté d’alouettes, Guillaume et Guillaumette, chacun s’embrassera et Guillaume restera. Est-ce qu’être amoureux ce n’est pas  quand il y en a toujours un qui reste et qui est malheureux ?

 

Pour l’instant, je vais dans une petite école maternelle de mon quartier, parce que ma maman ne veut pas que j’aille à l’école communale de peur que j’apprenne trop de gros mots. Elle a tort d’avoir peur parce qu’en fait j’en connais déjà quelques uns, c’est même mon papa qui me les a appris. Il aime bien dire, par exemple, quand il est en colère «  Nom de dieu, de nom du dieu de nom de merde ». Pour ma petite sœur et pour moi, ce mot est interdit.  On a quand même  le droit de dire par exemple «  mer de Cannet »ou « Mer de Chine », mais ce n’est quand même pas aussi bien, ça ne fait pas autant de bien.

Quand je serais plus grande j’apprendrai plein de nouveaux mots dans les livres et dans le journal, par exemple celui du roi NABUCHODONOZOR, parce que je trouve que c’est un très beau mot et très long, et je saurais même les écrire sans faire de fautes d’orthographe.

10 novembre 2015

Panique au cirque

Bernadette Zygart -

parade-in-circus-1980

Elle referme tout doucement la porte du local sans faire de bruit afin de ne pas être repérée. Le piège est prêt, fonctionnera-t-il ?
Elle le souhaite ardemment même si, au fond, elle craint les conséquences de son geste, s'il réussit  trop bien.  Mais il est allé trop loin dans la trahison de leur amour, il faut qu'il paie !
Elle passe le long des cages où sont enfermés les fauves, de magnifiques lions qui, tout à l'heure, peut-être....elle frissonna...
C'est l'heure de la représentation ; elle ne tient plus en place, se montre agressive, agitée au moindre prétexte, ce qui lui vaut quelques
réflexions de ses collègues ;tout ce qu'il faut éviter pour ne pas attirer l'attention...
Vint le moment  où les cages sont montées sur la piste ; le dompteur laisse entrer les fauves au nombre de six. D'habitude ils sont quatre, que va-t-il se passer ?
Au moment où quatre des fauves sautent sur leur  tabouret respectif, les tablettes sabotées s'effondrent sous leur poids. Perdant l'équilibre et ne parvenant pas à le retrouver faute de savoir dégager leurs pattes de l'entrave, ils deviennent soudain de méchante humeur. Les deux derniers lions assistent à cette scène incongrue et ne comprenant pas ce qu'il se passe, semblent prendre la chose du mauvais côté. Ils sont aussitôt interpellés par d'autres dompteurs qui les guident  vers le couloir menant à leur cage.
Partagés entre l'effroi et l'hilarité, les spectateurs s'agitent sur leurs sièges. Que dire du dompteur à qui arrive cette mésaventure? Il n'y comprend rien, bien sûr, et cherche le moyen de calmer ses bêtes, dont le comportement l'inquiète. Ses collègues arrivent en force, munis de fusils avec seringue neutralisante. 
Les quatre fauves, endormis, sont dégagés de leur carcan et, se réveillant doucement, sont acheminés titubant vers leurs cages chacun leur tour...La représentation n'aura pas lieu ce soir là, remplacée par ce scénario d'un tout autre genre !..et sans doute pas à la gloire du dompteur.
Dissimulée par le rideau de scène, elle eut un soupir qui en disait long sur ce qu'elle pensait  de l'issue de l'aventure qu'elle avait imaginée juste un peu plus tragique...
Il faut préciser tout de même que le dompteur fut invité à "exercer ailleurs ses talents de clown". Il eut beau protester de son innocence, rien n'y fit.

 

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité