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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
16 mai 2016

Les petits bonheurs

DSCN0268Liliane Fainsilber -

La vieille armoire bretonne, que nous avons un jour acheté chez un antiquaire de Lannion ne nous a jamais plus quitté. Elle nous a suivi de maison en maison, trouvant toujours sa place le long d'un mur de notre chambre. Elle n'est pas très grande et plutôt trapue. Elle est toute simple et rustique. C'est elle qui nous a donné le goût des beaux vieux meubles anciens. Tous les matins en me réveillant et tout au long de ces nombreuses années, j'admire ses deux portes sculptées. D'une main maladroite, comme au couteau, l'artisan a tracé deux doubles volutes sur leur panneau central. Celui-ci est fait d'un bois un peu plus clair, ce qui donne à ce motif décoratif du relief. C'est la maladresse même du dessin de ce panneau sculpté, sa rusticité, qui est émouvante. On pense au paysan qui a peut-être coupé un de ses châtaigniers, l'a débité en planches qu'il a mis à sécher et qui a ainsi fabriqué ce meuble, le soir à la veillée, à la fin de sa journée de travail, pour meubler sa nouvelle modeste maison et s'y installer auprès de sa femme. Une ferronnerie métallique qui est incrustée sur le bord de ces deux portes donne à ce meuble, d'un trait de lumière vertical, à la fois de la distinction et de l'authenticité.

Cette armoire qui nous a accompagnée, comme une vieille amie tutélaire, est toujours pour nous, dès que nous la regardons, que nous l'admirons comme un bel objet, un moment précieux de bonheur, un petit bonheur.

 

Car il y a certes de grands bonheurs, celui de vivre avec l'homme qu'on aime, celui de mettre au monde des enfants. Pour ces bonheurs-là il faut avoir de la chance, comme l'évoque l'étymologie du mot lui-même. Tous les hommes et les femmes n'y ont pas droit ou tout au moins pas tout au long de leur vie. On peut ne pas avoir cette chance. Heureusement, à côté de ces grands bonheurs, il y a aussi plein, plein de petits bonheurs, ceux dont jamais personne ne pourra nous priver, malgré tous les aléas de la vie, car ils sont à la portée de tous : une nuit étoilée, un petit matin indécis dans la brume, l'odeur du pain chaud qui sort du four, celle du thym foulé sur un chemin de campagne ou encore celle des feuilles du figuier chauffées sous un soleil de plomb, le bruit de la mer lorsque les vagues viennent mourir sur la plage, un délicieux bœuf aux carottes longuement mitonné et surtout partagé avec deux ou trois de nos proches amis. Avec chacun de ces petits bonheurs, il faut savoir saisir sa chance : surtout ne pas les laisser s'échapper.

 Me vient alors le souvenir d'un très court poème de Paul Fort :

 "Le bonheur est dans le pré

Cours y vite, cours y vite.

Le bonheur est dans le pré,

Cours y vite, il va filer.

[…]

 

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15 mai 2016

La conquête du bonheur

 

 Daniel Fainsilber -

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Le bonheur c'est de se réveiller le matin auprès de celle qu'on aime. Le bonheur c'est entendre et voir la petite Lucie, cinq ans, chanter au clair de la lune. Le bonheur c'est la proximité avec les siens. Le Bonheur c'est la contemplation d'un beau paysage, d'un bel arbre, d'une belle fleur.

 Le bonheur d'est d'avoir un jardin qui nous ressemble à la fois sauvage et fleuri.

 Le bonheur est un état de satisfaction, de joie, de paix intérieure.

 Il me semble que l'essentiel pour accéder au bonheur tient à la qualité de la relation de l'enfant avec ses parents dès les premières années de son enfance. Tout dépend de l'atmosphère familiale. S'il y règne harmonie et amour, les conditions primordiales de bonheur y prennent naissance. Si l'enfant est aimé, admiré, il se sent en sécurité et c'est la meilleure condition pour y accéder.

 Certes les parents, quelque soit leur bonne volonté, sont porteurs de l'histoire de la famille, avec ses drames, ses difficultés, les accidents, les guerres. Tout ce bagage inconscient peut remettre en question le bonheur de chacun. Pour y accéder il faut donc du courage et de la détermination, il faut pouvoir s'identifier à des modèles, à des personnages heureux. Pour surmonter ces obstacles, chacun doit donc construire son propre bonheur.

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6 mai 2016

Ma recette du bonheur

Bernadette Zygart -

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Pour trouver une partie de ma réponse, j’ai lu la définition dans la Petit Larousse.
Faut-il prendre le sujet au sérieux et y répondre de même ou peut-on assimiler le bonheur à un plat de résistance longuement élaboré dans lequel les ingrédients varient ou quelquefois par hasard selon l’inspiration ? Je choisirai personnellement cette deuxième modalité, le bonheur étant parfois chose inattendue, voire surgissante… Echo de notre inconscient à l’affût ?
Enchantement, bien-être, béatitude, c’est tout cela le bonheur, ce n’est pas rien ! Ressentir le bonheur c’est en quelque sorte une « aide » à être heureux, une lumière intérieure ou une petite musique, c’est selon que l’on soit romancier ou mélomane ;c’est ce qui me fait trouver merveilleux le sourire édenté d’un jeune bébé, un ciel pur, les oiseaux qui chantent de bon cœur le matin…
Aimer c’est, pour moi, la moitié du chemin vers le bonheur. Aimer qui ? Aimer Quoi ? Aimer ce que l’on est, ce que l’on fait, nos relations avec autrui, aimer la vie, même si parfois on se demande si  ELLE nous aime. Présentement mon bonheur c’est être consciente de mes limites – et les accepter – au regard de certains paramètres personnels (santé, soucis). Mais je ne leur en veux pas puisqu’elles me laissent aujourd’hui encore mener ma vie comme je l’entends…Qu’en serait-il dans le cas contraire ?
Pour moi, le bonheur est simple mais pas facile à conserver ! Il me fait penser à un beau paysage par temps ensoleillé et le même paysage par temps de pluie..Vous voyez la différence ? Le bonheur est toujours là mais qu’est-ce qui fait qu’il nous paraît gris ? Pourquoi le soleil ne brille-t-il pas aujourd’hui ?
Certains jours, accaparée par des pensées plus sombres, j’oublie ce bonheur que je possède en moi et bien sûr, plus rien ne va. Soudain, je « rentre » littéralement dans l’action que j’ai entreprise, éventuellement une recette de cuisine, que je « bâtis » ingrédient après ingrédient et la réussite aidant, le soleil se remet à briller !
En définitive, il faut peut-être prendre le bonheur au sérieux.. Trop regrettable de passer à côté sans le reconnaître. Il peut être un gage de confiance en soi.

3 mai 2016

Les lamentations

Renée Gauvenet -

bouquetdeviolettes



Il n’est plus temps de se lamenter sur le passé, et pourtant...
        Comment ne pas penser à ce qui fit notre joie :  l’enfance  dorlotée : les baisers reçus et donnés, les dizaines de cadeaux et de poupées, les copines, aimées ou détestées ?
        Comment oublier ceux  partis trop tôt et leur amour partagé ?
        Mais, plus simplement, comment, pour les choses habituelles et routinières de la vie, ne pas se dire que c’était mieux avant…
Ma Belle-mère dit un jour, sur un ton infiniment triste : « les oranges modernes n’ont plus de goût », phrase qui nous fit rire, et à laquelle nous pensons lorsque nous estimons que le passé était mieux que le présent..
C’était mieux avant :
Quand le pain était croustillant, que les croissants sentaient le beurre frais, alors qu’ils semblent fabriqués dans du papier sulfurisé,
Quant on se délectait d’un « jambon-beure » et qu’on se demande maintenant de quelle scierie provient ce qui entoure la garniture,
Quand nous choisissions un beau papier pour échanger de longues lettres, alors qu’il suffit d’un coup de téléphone, pour nous exprimer, ou pire, d’un simple texto, écrit dans une orthographe plus qu’approximative
Quand nous éprouvions un plaisir presque sensuel  à découper les pages d’un livre pour le découvrir peu à peu,
Quand nous acceptions de marcher un peu,  au lieu de nous entasser dans des wagons malodorants.
Quant le nom d’un métier  évoquait celui qui l’exerçait et l’endroit où il vivait (la forge, l‘atelier, la menuiserie) alors que nous craignons de le vexer en employant  des expressions barbares, comme techniciens de surface et autres insanités,
Quand ‘être aimé prenait son temps pour nous faire sa cour (ah, où sont les petits bouquets  de violettes  d’antan) ?, au  lieu d’un simple « on va chez toi ou chez moi »
        Mais n’idéalisons pas nos souvenirs ?
Ne risquons nous pas de nous ensevelir dans le passé ?
Oublions-nous les chercheurs qui peuvent maintenant sauver tant de vies humaines, nourrir des êtres menacés par la famine, apporter de l’eau à ceux qui ont soif et à la terre pour faire pousser des fruits et des légumes qui les nourriront ?
        Pourquoi  tout regretter alors que  le présent offre tant de possibilités et plus encore le futur qui nous permet de faire des projets d’avenir auxquels nous n’aurions même pas pensé
Alors, allons de l’avant.
Il y avait autrefois de bonnes choses et permettons à nos enfants de profiter de la vie actuelle
Grâce aux progrès incessants de l’humanité, une voie royale nous est ouverte.

2 mai 2016

D'un continent à l'autre

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Liliane Fainsilber -

Paloma est une jeune fille brésilienne, elle appartient à la tribu indienne des bororos. Petite, elle a d'abord vécu dans la réserve mais ses parents sont ensuite venus vivre dans les bidonvilles de Sao Paulo dans l'espoir d'y trouver du travail. Elle a eu beaucoup de chance, car elle a pu aller à l'école et apprendre à lire et à écrire dans une petite école de son quartier tenue par une ONG. Comme elle est passionnée par la lecture, elle a appris beaucoup de choses par elle-même, dans les bibliothèques. L'un de ses maîtres, s'étant aperçu de son intense désir de se cultiver, lui avait obtenu une bourse pour suivre des études à Londres. Elle souhaitait beaucoup devenir ethnographe, selon un vieux rêve de son enfance. En effet, petite fille, elle avait rencontré le grand Claude Lévi-Strauss, qui était encore, à cette époque, un jeune homme au début de sa carrière. Il s'intéressait, à cette période de sa vie, aux grands mythes de sa tribu. Au cours de l'un de ses voyages d'études, il l'avait même prise en photo auprès de sa mère et avait troqué, à la suite de longues discussions avec elle, le grand collier de graines qu'elle portait. En échange, il lui avait donné une jolie petite boite en bois sculpté que depuis elle avait toujours précieusement conservée. Devenue grande, Paloma, avait lu un de ses livres qui lui avait beaucoup plu, encore que très savant. Son titre l'avait attiré, c'était « La potière jalouse ».

 

C'est ainsi qu'à l'âge de vingt ans, ses premiers diplômes en poche, elle avait pris l'avion et s'était retrouvée toute seule et certes un peu perdue, dans la grande métropole londonienne. A l'université, on s'était occupé d'elle et elle avait donc trouvé à se loger en colocation, dans un appartement en plein centre de Londres, où logeaient déjà deux brésiliens. Ainsi elle se sentirait déjà moins seule et moins dépaysée. Elle s'installa dans sa toute petite chambre et se risqua à explorer le reste de l'appartement. Dans le salon qui était commun à tous les colocataires, elle rencontra un jeune homme très svelte, encore plus basané qu'elle-même, qui dégustait son thé. Il s'appelait Idriss. Lui aussi était indien, mais il venait des Indes. Il parlait anglais, une langue que Paloma ne maîtrisait pas encore beaucoup, mais qu'elle pouvait au moins comprendre. Ils éprouvèrent d'emblée de la sympathie l'un pour l'autre et eurent envie de faire plus ample connaissance. Il l'invita à aller manger dans un petit restaurant indien au coin de la rue. Il lui fit goûter à de délicieuses galettes de farine de pois-chiches et à du poulet tandori. Idriss faisait des études en sciences économiques et venait d'une des plus belles régions de l'Inde, le Radjastan. Il était né dans la magnifique ville ancienne de Jeisalmer et était le fils de l'un des derniers Maharadjahs de l'Inde. Il lui raconta que pour pouvoir continuer à entretenir son palais, son père l'avait transformé en hôtel de luxe. Cela fit rêver cette petite indienne venue des faubourgs de Sao Paulo. Comme le monde était vaste et plein de belles choses à découvrir !

 

Ils étaient attirés l'un par l'autre et Idriss trouvait Paloma très belle mais il était encore bien trop tôt pour savoir ce que deviendrait la rencontre surprenante de ces deux indiens dans la ville de Londres. Bien trop tôt pour deviner si cette petite indienne d'Amérique du sud serait jugée digne de devenir une des dernières marahanis du Radajastan. Idriss était en effet de nature précautionneuse et mesurait longuement tous les risques encourus du simple fait de tomber amoureux. Il y pensa si longuement qu'il laissa passer sa chance.

 

Entre temps, Paloma avait rencontré, sur les bancs de l'université, Donald, un écossais. Elle le trouvait très séduisant, portant dignement kilt et hautes chaussettes blanches. Il jouait merveilleusement bien de la cornemuse. Il l'invita en Ecosse dans le château de ses ancêtres, un château qui était, selon la légende, hanté par l'ancienne châtelaine qui, jalouse, venait réoccuper les lieux par les nuits de clair de lune. Mais il en fallait bien plus pour effrayer Paloma, cette petite indienne bororo née dans la forêt amazonienne. Ce n'était pas ce pauvre fantôme venu du fond des âges qui pourrait la faire renoncer à son nouvel amour. Elle l'attendrait de pied ferme bien résolue à la chasser à jamais. Ses ancêtres lui avaient en effet transmis de bien précieuses incantations pour chasser tous les mauvais esprits. Mais seraient-elles efficaces dans ce sombre château d'Ecosse ?

On peut quand même se poser la question de savoir si, dans sa petite chambre d'étudiante, à Londres, imaginant ce fabuleux palais du Marahadjah aux Indes et ce manoir écossais hanté, Paloma n'avait pas ainsi bâti quelques châteaux en Espagne, bien loin de la modeste hutte de son village natal, dans la réserve indienne.

 

 

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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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