Les lamentations
Renée Gauvenet -
Il n’est plus temps de se lamenter sur le passé, et pourtant...
Comment ne pas penser à ce qui fit notre joie : l’enfance dorlotée : les baisers reçus et donnés, les dizaines de cadeaux et de poupées, les copines, aimées ou détestées ?
Comment oublier ceux partis trop tôt et leur amour partagé ?
Mais, plus simplement, comment, pour les choses habituelles et routinières de la vie, ne pas se dire que c’était mieux avant…
Ma Belle-mère dit un jour, sur un ton infiniment triste : « les oranges modernes n’ont plus de goût », phrase qui nous fit rire, et à laquelle nous pensons lorsque nous estimons que le passé était mieux que le présent..
C’était mieux avant :
Quand le pain était croustillant, que les croissants sentaient le beurre frais, alors qu’ils semblent fabriqués dans du papier sulfurisé,
Quant on se délectait d’un « jambon-beure » et qu’on se demande maintenant de quelle scierie provient ce qui entoure la garniture,
Quand nous choisissions un beau papier pour échanger de longues lettres, alors qu’il suffit d’un coup de téléphone, pour nous exprimer, ou pire, d’un simple texto, écrit dans une orthographe plus qu’approximative
Quand nous éprouvions un plaisir presque sensuel à découper les pages d’un livre pour le découvrir peu à peu,
Quand nous acceptions de marcher un peu, au lieu de nous entasser dans des wagons malodorants.
Quant le nom d’un métier évoquait celui qui l’exerçait et l’endroit où il vivait (la forge, l‘atelier, la menuiserie) alors que nous craignons de le vexer en employant des expressions barbares, comme techniciens de surface et autres insanités,
Quand ‘être aimé prenait son temps pour nous faire sa cour (ah, où sont les petits bouquets de violettes d’antan) ?, au lieu d’un simple « on va chez toi ou chez moi »
Mais n’idéalisons pas nos souvenirs ?
Ne risquons nous pas de nous ensevelir dans le passé ?
Oublions-nous les chercheurs qui peuvent maintenant sauver tant de vies humaines, nourrir des êtres menacés par la famine, apporter de l’eau à ceux qui ont soif et à la terre pour faire pousser des fruits et des légumes qui les nourriront ?
Pourquoi tout regretter alors que le présent offre tant de possibilités et plus encore le futur qui nous permet de faire des projets d’avenir auxquels nous n’aurions même pas pensé
Alors, allons de l’avant.
Il y avait autrefois de bonnes choses et permettons à nos enfants de profiter de la vie actuelle
Grâce aux progrès incessants de l’humanité, une voie royale nous est ouverte.