Home, la maison, le foyer, notre cocon…
Zabeth Stépan
Il y en a des célèbres comme la maison bleue de Maxime Le Forestier ou encore la maison blanche de l’autre côté de l’océan et, des anonymes : la maison de campagne, de ville, qu’elle soit en bois ou en pierres, de charme, de caractère, imposante ou modeste, souvent coup de cœur à défaut d’être celle de nos rêves, avec ou sans jardin, au pied des montagnes ou des océans, sous le soleil, la neige, la pluie, elle apparait comme une partie de soi.
Et puis, il y a la nôtre, les nôtres qui traversent nos vies de façon intrinsèque derrière les murs empreints de notre mémoire sous les couches de papier peint jauni, les parquets désossés, les murs abattus, les jardins aux balançoires disparues.
Les maisons ont l’étrange pouvoir de fixer intactes nos tranches de vie dont notre esprit vagabond se délecte quand il se laisse aller à l’évocation, tant les détails, immortalisés, ressurgissent avec force dans leur contexte: l’expression d’un visage, l’intonation d’une voix, l’intensité d’une lumière, le bruit d’une porte, le craquement d’une marche d’escalier, le rire d’un enfant, la pluie sur une fenêtre de toit, un parfum intérieur, autant de clichés qui nous frappent par leur réalisme.
La maison a cette faculté de réveiller nos sens lors de nos visites virtuelles qui nous permettent d’arpenter ses moindres recoins regorgeant d’autant d’anecdotes ayant marqué nos vies.
A la fois, véritables berceaux de nos émotions et tombeaux de nos secrets, même les plus inavouables.
Maison de notre enfance, foyer chaleureux, nid d’amour, de désamour, maison familiale aux heures heureuses comme aux heures sombres de notre histoire, lieu profondément lié à notre être et que l’on appelle de nos vœux lorsque sonne l’heure du grand départ.
Habiter sa maison, c’est aussi habiter son corps, affirmer son identité, se mouvoir dans un environnement choisi, dans un espace conçu par soi pour soi, un lieu qui nous abrite et nous protège où il fait bon se réunir, se retrouver, s’isoler, l’endroit où on peut se stabiliser, se reposer, se ressourcer pour mieux s’ouvrir au monde ; notre cocon, habillé pour l’occasion, que l’on présente aussi fièrement à qui franchit son pas.
Quatre murs à notre image, tantôt refuge, tantôt prison, une maison que l’on aime indifféremment selon notre état d’âme : tantôt vide, dépeuplée ou tantôt foisonnante, bruyante, effervescente, que l’on repousse angoissante parfois dans sa solitude.
Un lieu qui respire avec nous, qui partage nos battements de cœur, qui s’émerveille, pleure, rit, grandit et vieillit avec nous.
Un lieu à l’intérieur de nous-mêmes pour chacune des pages de nos vies qui assure une continuité dans notre histoire offrant une sorte d’immortalité symbolique grâce à la pierre qui perdure par-delà la vie humaine.