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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
29 décembre 2016

Une soirée agitée

f89ab820ed0fcb91bef46981ba5315f8Liliane Fainsilber -

Colombe avait terminé son article qui devait paraître dans la rubrique des faits divers. Elle y mentionnait qu’un gorille s’était échappé du Zoo de la ville et avait affolé les populations. En fin de soirée, aux nouvelles, elle avait entendu qu’il n’avait pas encore été retrouvé. On ne savait pas encore où le chercher. Elle avait ensuite rangé son bureau et mis de côté une invitation à une exposition de peinture au château de Montmorency.  Elle quitta le journal au moment où il était mis sous presse, ne voulant pas jouer les mouches du coche au moment où tous ses collègues terminaient sa mise en pages.

 Arrivée chez elle, beaucoup plus tôt que d’habitude, elle découvrit que son mari, qui sirotait un verre d’alcool, tout  surpris de la trouver déjà là,   la regardait avec étonnement comme si elle était une extraterrestre. Un deuxième verre à moitié vide était posé sur la table du salon. Cela attira d’emblée son attention.  Elle se dirigea vers sa chambre pour se reposer avant le repas et se faire couler un bain, mais quelle ne fût pas sa surprise lorsqu’elle découvrit que leur salle de bain était occupée : une femme  se prélassait voluptueusement dans sa propre baignoire. Furieuse, elle se précipita sur elle et lui crêpa vigoureusement le chignon, la traitant de salope, de traînée et de sale toupie. Dans sa retraite précipitée, la victime mit en fuite le chat de la maison qui prit de panique miaulait ne sachant où se réfugier.  

Pour se calmer, Colombe sortit faire une grande balade au clair de lune.  Demain elle aviserait.

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25 décembre 2016

les aventures de la mère Macmiche

Liliane Fainsilber -

 

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Dans son manoir en grande partie en ruine, cette vieille toupie de mère Macmiche venait de souper d’une soupe aux choux et d’une miche de pain qu’elle avait partagé avec son chien. Comme elle avait très mauvais caractère personne ne lui rendait jamais visite. Aussi fût-elle très étonnée de voir surgir sur le pas de sa porte un petit homme vert. D’après la description qu’en faisaient les chercheurs de soucoupe volante (soucoupe qu’ils prétendaient toujours avoir vue), il lui semblait bien qu’elle avait affaire à un extraterrestre. Elle en fût d’autant plus étonnée que son chien qui aboyait devant tout intrus n’avait pas aboyé à son arrivée, comme s’il le connaissait de longue date.

Cet extraterrestre parlait parfaitement le français et s’adressant à elle, encore que dans un français très châtié,  lui demanda où il se trouvait, car, tous les appareils de son engin ayant été endommagés et perturbés au moment de son arrivée dans l’atmosphère terrestre, il se sentait complètement perdu. Il se présenta sous le nom d’Olibrius et lui raconta qu’il était tombé en panne dans la clairière voisine avec sa soucoupe volante.

Curieuse, elle demanda à la visiter et, ayant mis ses sabots,  ils s’acheminèrent ainsi vers la clairière. Elle monta par une échelle étroite dans son engin, ce qui,  à son âge, n’était pas évident du tout, et, une fois dans les lieux,  quelle ne fût pas sa surprise de voir, occupant presque tout l’espace,  un énorme gorille dans une cage. Olibrius lui expliqua qu’il l’avait enlevé dans un Zoo pour le ramener sur sa planète. Cet extraterrestre croyait en toute bonne fois que cette terre était peuplée de gorilles et que c’était eux les maîtres du monde. Il en avait déduit que les hommes n’avaient pas plus d’importance pour les gorilles  que des milliers de fourmis ou de termites.  Il comptait donc ramener ce spécimen pour pouvoir mieux l’étudier, une fois rentré chez lui ; La mère Macmiche pensa, à part elle, que dans son désir de retrouver ses pénates, ce petit homme vert n’était pas au bout de ses mésaventures.  Il pouvait en effet  se tromper d’orbite et être  condamné à tourner, avec son gorille, dans l’espace pour l’éternité. Elle rentra chez elle, ayant satisfait sa curiosité. Elle ferma sa porte à double tour, de peur qu’Olibrius ne se ravise et veuille l’emmener elle aussi sur sa planète comme brillant spécimen de l’espèce humaine.

Le lendemain elle raconta cet événement surprenant  à sa voisine mais celle-ci la prit pour une folle. Peut-être avait-elle raison.

24 décembre 2016

Les mouches

Liliane Fainsilber -

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La marquise, madame de Sainte Colombe, après avoir fait sa toilette aidée de sa suivante, avait placé avec adresse une première mouche au coin de sa lèvre et une seconde entre ses deux seins. Cette dernière ne pouvant être vue que par un regard plongeant et appuyé. Se contemplant, dans son miroir, elle se pensait incontestablement fort séduisante. Ainsi apprêtée, elle se dirigea vers  le grand salon du château où elle reçut avec affabilité tous les notables de la région. Au cours de la conversation, le duc d’Amarante, l’invita à venir voir son élevage de colombes, en même temps que ses estampes japonaises, mais la marquise, fine mouche, lui répondit qu’elle était, en cette période de Noël,  très occupée avec ses bonnes œuvres et que ce serait bien de remettre ce projet à plus tard. Pour la convaincre, sachant qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, le Duc lui décrivit avec force détails les fastes de son château. Elle ne semblait pas insensible au charme de ses paroles, mais il pensa sagement qu’il valait mieux ne pas se faire trop d’illusion à son égard et donc ne pas bâtir trop vite  des châteaux en Espagne. Il  reviendrait éventuellement à la charge.

En partant,  il abandonna discrètement sur un guéridon, comme un hommage, un exemplaire relié de fine peau, le livre d'un auteur connu, « Les mouches assassines». Il le lui avait tendrement dédicacé. Mais le lirait-elle ?

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24 décembre 2016

la vie de château

Liliane Fainsilber -

 

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Le chat affamé se glissa par une porte dérobée dans le château, il entra dans la grande salle de réception et exerçant son flair trouva sans peine le chemin de la cuisine où il pût se sustenter de quelques bouts de fromage et de saucisson qui avaient été laissés là par la cuisinière. Il continua ensuite son exploration des lieux.  Montant à l’étage, ayant entendu l’eau d’une baignoire qui coulait, il espéra, après ce festin,  pouvoir étancher sa soif. C’était en vain, car dans cette baignoire se trouvait alanguie et en partie endormie, madame la Duchesse. Malgré son intelligence de chat, il ne put pas saisir qu’elle avait sans doute pris une bonne dose d’alcool. Trompée par monsieur le Conte avec la soubrette, elle y avait noyé son chagrin. Le chat  se retira prudemment et montant dans les combles du château, se livra un temps à son jeu favori, celui du chat et de la souris,  quand, par l’une des fenêtres, à la lumière du clair de lune, il aperçut sur le toit une petite chatte qui miaulait et qui l’appelait. Il la rejoignit tout aussitôt et ce fût une bien belle nuit d’amour.

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22 décembre 2016

Paroles de pierres

Bernadette Zygart

 

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Me faire parler ? Mais pour quoi dire ? Que mon choix s’inspire de vie éternelle parce que je suis, toujours,  curieuse du lendemain, qu’à cause de cela je veux vivre plus longtemps que l’être humain ?

Mais selon mon choix, je peux être caillou, roche ou galet ; le lieu pourrait être : campagne, montagne ou mer ; alors, qu’aimerais-je être ?

A la campagne, foulée aux pieds sur les chemins de toutes saisons, sur une route fréquentée par des pèlerins en route vers Compostelle :  leurs conversations doivent être intéressantes, quoiqu’ils doivent souvent parler de l’état de leurs pieds –les pauvres !- et s’échanger des recettes anti-douleurs…

Je m’imagine aussi très bien à la montagne –l’été bien sûr-  car l’hiver je disparaîtrais sous la neige, ou alors je serais de la dimension d’une grosse roche, repère de randonnée, servant de siège au marcheur fatigué, ébahi par la beauté des lieux….je me ferais confortable pour qu’il s’attarde dans son émerveillement et que nous partagions des moments de paix : ah oui ! roche au bord d’un chemin de montagne avec vue sur le versant opposé, cela me conviendrait assez. Le « hic » arriverait avec l’hiver…Je n’aimerais pas disparaître quelque temps.

Reste le bord de mer, encore d’agréables moments ! Serais-je roche au bord de l’eau ? Galet sur la plage ? Avec le souci de ne pas me faire capturer dans quelque recoin de sac de collectionneur, non, merci ! Alors plutôt la roche qui abrite la crevette pourchassée par un filet de pêcheur amateur ; cacher le crabe, ah, oui ! Cela j’aimerais, servir de refuge  dans le bruit du clapotis, du ressac. Il y aurait bien sûr les jours de tempête, mais j’attendrais, c’est tout, que cela se termine.

Eh bien, voyez-vous, roche ou caillou, c’est quand même difficile de choisir son lieu d’éternité !

Bernadette

Novembre 2009

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22 décembre 2016

Vent de sable

Liliane Fainsilber -

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Au loin dans les dunes de sable, quelques tentes de nomades étaient entourées d’un halo doré. Dans le modeste hôtel du village, un repas fut servi au voyageur. Mais il en était à peine au potage lorsqu’un vent violent se leva soulevant un nuage de poussière.  Un temps  les branches des palmiers de l’oasis furent  violemment secouées, puis le vent s’apaisa. Herbert profita alors de l’esprit du lieu, de sa poésie et de sa beauté. La silhouette d’une longue caravane de chameaux se découpait à l’horizon et  se précisait peu à peu au fur et à mesure de son  avancée. Dans le lointain,  on entendait les chiens sauvages qui aboyaient. Déjà le soir tombait. La lune se mit à briller dans le ciel immense du désert. Leila, discrètement, vint desservir.  Il se sentit heureux.

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11 décembre 2016

Confidences lapidaires

Bernadette Zygart -

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J’aime le matin cette lumière rasante : le soleil rougeoyant et un peu bas réveille la baigneuse placée à côté de moi. La pierre est magnifique à cette heure.  Moi-même suis envahie d’orgueil à l’idée de donner une telle image !

D’ailleurs je fus posée ici dans ce but, c’est évident.

Il y a bien longtemps, suite à un éboulis, la roche  que je suis jonchait le lit d’une rivière dominée par un paysage grandiose de collines rocheuses et boisées. Le clapotis si discret avait un effet relaxant, la vie coulait doucement ; beaucoup d’enfants s’attardaient en des jeux de cailloux qu’ils faisaient ricocher à la surface de l’eau.

Après de longues années de sécheresse, l’eau en amont ayant été détournée par l’envahisseur romain, le lit de la rivière devint voie de circulation….Finis les jeux d’enfants, place aux chars, aux belles dames vêtues de lin blanc se rendant le matin aux marchés environnants…

Au fil du temps il fallut entretenir, élargir et pire encore bitumer après cette invention de chars bruyants qui sentent si mauvais…Pour cela je fus déplacée, comme d’autres en même temps que moi, mais j’eus de la chance et ne restai pas trop longtemps à servir de couche de fond de route goudronnée. Ainsi je fus extraite, déposée dans une brouette –cela manquait de panache je le reconnais- et déchargée ici sans ménagement ; une ou deux roulades pour fignoler mon implantation et mon nouveau propriétaire –un riverain qui m’avait trouvée à son goût – fut comblé car j’embellissais vraiment ce coin de jardin !

Et j’aurais tort de me plaindre, J’ai      beaucoup de visites, j’entends de nombreuses réflexions admiratives. Je suis un promontoire pour chat en balade et sommet du plaisir, l’odeur de thym dont je suis environnée. Ajoutez à cela le coup d’œil fréquent vers ma voisine, superbe fille qui descend inlassablement vers une rivière imaginaire et me rappelle celles, bien réelles, qui venaient se mirer chaque matin avant que ne soit détourné le cour de Ma rivière. Mais cela, c’était il y a longtemps.

Ici, le lieu est paisible. Me parvient le clapotis d’une fontaine, en osmose avec cette odeur de thym, enivrante et dynamisante,  donnant l’illusion d’un bain parfumé

Est-ce ma dernière destination ? Je ne sais, mais tant que l’histoire me le permettra, au fil du passage des générations futures, je resterai gardienne de ces lieux.

 2009

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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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