Paroles de pierres
Bernadette Zygart
Me faire parler ? Mais pour quoi dire ? Que mon choix s’inspire de vie éternelle parce que je suis, toujours, curieuse du lendemain, qu’à cause de cela je veux vivre plus longtemps que l’être humain ?
Mais selon mon choix, je peux être caillou, roche ou galet ; le lieu pourrait être : campagne, montagne ou mer ; alors, qu’aimerais-je être ?
A la campagne, foulée aux pieds sur les chemins de toutes saisons, sur une route fréquentée par des pèlerins en route vers Compostelle : leurs conversations doivent être intéressantes, quoiqu’ils doivent souvent parler de l’état de leurs pieds –les pauvres !- et s’échanger des recettes anti-douleurs…
Je m’imagine aussi très bien à la montagne –l’été bien sûr- car l’hiver je disparaîtrais sous la neige, ou alors je serais de la dimension d’une grosse roche, repère de randonnée, servant de siège au marcheur fatigué, ébahi par la beauté des lieux….je me ferais confortable pour qu’il s’attarde dans son émerveillement et que nous partagions des moments de paix : ah oui ! roche au bord d’un chemin de montagne avec vue sur le versant opposé, cela me conviendrait assez. Le « hic » arriverait avec l’hiver…Je n’aimerais pas disparaître quelque temps.
Reste le bord de mer, encore d’agréables moments ! Serais-je roche au bord de l’eau ? Galet sur la plage ? Avec le souci de ne pas me faire capturer dans quelque recoin de sac de collectionneur, non, merci ! Alors plutôt la roche qui abrite la crevette pourchassée par un filet de pêcheur amateur ; cacher le crabe, ah, oui ! Cela j’aimerais, servir de refuge dans le bruit du clapotis, du ressac. Il y aurait bien sûr les jours de tempête, mais j’attendrais, c’est tout, que cela se termine.
Eh bien, voyez-vous, roche ou caillou, c’est quand même difficile de choisir son lieu d’éternité !
Bernadette
Novembre 2009