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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
25 mai 2020

Un curieux voyage dans le temps

Zabeth Stépan

 

 

Prétexte : voyage dans le temps avec les mots du sac : vivre vite ! – zigzag entre les zombies – adieu la voiture ?

Croyez-le ou non, ce que je vais vous raconter n’est pas une invention farfelue de ma part. Cette histoire m’est arrivée réellement. Il me faut remonter à l’origine de cet évènement.

Je m’appelle Rose Berna, je suis née en 1946 ce qui me fait cette année l’âge de 74 ans. Je suis retraitée bien sûr après avoir travaillé dans un laboratoire médical. Je vis depuis une vingtaine d’années dans un moulin au bord d’une rivière tranquille, moulin que nous avons acheté et aménagé avec mon mari Bruno. Nous y avons chacun notre domaine réservé pour nos activités personnelles. Lui aime peindre, sculpter, moi écrire, lire, en plus je jardine et entretiens, une véritable fée du logis. Nous aimons aussi beaucoup les promenades dans la campagne environnante. Notre vie est calme et sereine et nous apprécions tellement de ne plus être obligés de vivre vite !

Un jour d’automne à la température encore douce et aux frondaisons parées de lumineuses couleurs chatoyantes, un jour d’automne donc, je me suis installée dans une chaise longue pour un moment de repos. J’étais bien, à l’ombrage sous les branches d’un magnolia qui nous offrait ses dernières fleurs. J’étais si bien que peu à peu un engourdissement béat m’a prise et je me suis endormie.

Ai-je dormi longtemps ? Je ne saurais dire, seulement lorsque je me suis réveillée, interdite, je n’en croyais pas mes yeux. Où étais-je ? Où était passé le magnolia ? Il n’y avait plus de moulin, plus de chaise-longue. J’étais toujours au bord de la rivière, dans un paysage désert et dans une coque transparente hermétiquement close. Un ronronnement discret m’a fait comprendre que j’y respirais un air fabriqué.

Devant moi un tableau de bord aux multiples voyants et écrans me sollicitait. Je n’ai pas eu besoin de réfléchir, mes gestes automatiques ont su mettre en route ce curieux véhicule qui s’est élevé doucement, et j’ai pensé : « Adieu la voiture !  Vive ce nouveau moyen de transport !» Finalement je trouvai cela amusant et ne me posais pas de questions.

J’étais vêtue d’une combinaison moulante, ultralégère taillée dans une matière inconnue, totalement synthétique et d’une étrange couleur changeante. Mon voyage assez bref m’a transportée au-dessus de ce qui ressemblait à une drôle de ville. Des coupoles transparentes coiffaient un espace désert. J’ai vu d’autres véhicules jumeaux du mien qui stationnaient l’un à côté de l’autre. Sans que je m’en occupe, ma capsule s’est dirigée vers un emplacement libre et s’y est encastrée en douceur. Une paroi a coulissé et une voix suave m’a invitée à m’extraire de ce cocon.

J’ai arpenté un couloir qui diffusait une musique assez crécelle, un peu discordante, j’étais seule, un peu inquiète. Soudain devant moi, une portion du sol s’est ouverte et j’ai aperçu une plateforme qui m’attirée. Lorsque j’y ai posé les pieds, elle s’est mise à descendre comme un ascenseur ordinaire. Puis elle s’est immobilisée sans aucune secousse et la cloison face à moi s’est écartée.

J’étais maintenant dans une galerie où déambulaient de curieux personnages auxquels je ne ressemblais pas vraiment, quoique… Ils étaient tous identiques, vêtus de la même combinaison que moi d’ailleurs et leurs visages étaient totalement inexpressifs. Aucun ne me regardait, ne semblait me voir, ne me parlait. Je marchais en zigzag entre ces zombies qui avaient cependant l’air inoffensifs.

Je ne voyais aucun magasin, aucun lieu de convivialité, aucun appartement. Comment vivait-on ? Que mangeait-on ? Où est-ce qu’on dormait ? Apparemment, on ne communiquait pas, on ne se touchait pas, on ne riait pas, je ne voyais pas d’enfants, aucun lieu de culture ou de sport. J’avais un peu d’angoisse… je me sentais si seule…

Et brusquement, levant la tête, sur un écran lumineux, je vis inscrite la date du jour : 10 octobre 2520 ! Affolée, je compris en un éclair que j’avais fait un bond de cinq cents ans dans le futur, mais quel futur ! Aseptisé, stérilisé, surprotégé, un futur où l’on n’avait rien à dire, rien à faire, rien à vivre en somme.

Des questions me taraudaient : A vivre ainsi confiné, est-ce qu’on redoutait la pandémie de quelque virus malin ? Comment en était-on arrivé là ? Quelle catastrophe avait eu ces conséquences ? J’ai bien essayé d’interroger les zombies, mais aucun ne me répondait, pire, ils semblaient même ne pas me voir, j’avais l’impression d’être devenue transparente. Quel drame !

A ce moment-là, je suis passée sous un projecteur à la lumière éblouissante, une chaleur subite m’a enveloppée et j’ai de nouveau perdu connaissance…

Une voix familière me parlait, quelqu’un me caressait le visage et murmurait à mon oreille :

« Ma chérie, qu’est-ce qui t’arrive ? Tu rêvais ? Tu avais l’air de faire un cauchemar. Tu me racontes… »

Alors, blottie dans le bras de mon mari, je lui ai fait le récit de ce qui heureusement n’était qu’un rêve, un mauvais rêve pour sûr, mais un songe qui restait horriblement précis. Je comprenais qu’à force de lire des romans d’anticipation, de prendre en compte les prévisions pessimistes sur l’avenir de notre vieille Terre, mon cerveau en avait fait son profit, et voilà qu’il me le ressortait sous cette forme.

Rassurée, je contemplais avec émotion cet environnement que j’aimais tant et qui me semblait à l’abri de ces dégradations et de cette organisation froide et insensible. Un véritable soulagement de pouvoir ne pas rester dans cette époque, si j’avais été vraiment transportée en 2520, sans possibilité de retour, je l’aurais vécu comme une catastrophe. Cependant, tout de même, une impression désagréable ne me quittait pas et se posaient à moi les questions fatales :

Et si dans cinq cents ans notre planète ressemblait à ce que j’avais vu ? Quels moyens avions-nous de l’éviter ? Tous les conseils écologiques prenaient une importance capitale. A nous de réagir, comme le répète Isabelle Autissier, elle qui est à la tête de WWF France, nous sommes la dernière génération à pouvoir le faire.

Mais, n’est-il pas déjà trop tard ?

 

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25 mai 2020

Mélimélo de mots

René STEPAN

 

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« Home sweet home » disent les britaniques. les italiens disent : «  casa mia . casa mia. più piccola che tu sia tu sei sempre una badia » ce qui signifie : ma maison Ma maison Aussi petite que tu sois tu es toujours un château.

Et ils ont raison.

Pour moi la maison c’est sacré. Je vais vous la décrire modestement : un salon meublé l’été dernier, un bureau, une cuisine entièrement refaite, deux salles de bains et des dépendances pour y loger famille ou copains.

Des fois nous allons nous y installer devant la cheminée ou plutôt ce qu’il en reste car elle a été remplacée par un poêle à bois l’été dernier et nous passons Des heures à lire ou à discuter. On voit que l’on n’est pas sauvages (voir notre engagement toute notre vie)

C’est la raison pour laquelle nous ne restons pas enfermés dans ce cocon……. le confinement nous l’a confirmé.

 mai 2020

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25 mai 2020

Home, la maison, le foyer, notre cocon…

 Zabeth Stépan

 

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Il y en a des célèbres comme la maison bleue de Maxime Le Forestier ou encore la maison blanche de l’autre côté de l’océan et, des anonymes : la maison de campagne, de ville, qu’elle soit en bois ou en pierres, de charme, de caractère, imposante ou modeste, souvent coup de cœur à défaut d’être celle de nos rêves, avec ou sans jardin, au pied des montagnes ou des océans, sous le soleil, la neige, la pluie, elle apparait comme une partie de soi.

Et puis, il y a la nôtre, les nôtres qui traversent nos vies de façon intrinsèque derrière les murs empreints de notre mémoire sous les couches de papier peint jauni, les parquets désossés, les murs abattus, les jardins aux balançoires disparues.

Les maisons ont l’étrange pouvoir de fixer intactes nos tranches de vie dont notre esprit vagabond se délecte quand il se laisse aller à l’évocation, tant les détails, immortalisés, ressurgissent avec force dans leur contexte: l’expression d’un visage, l’intonation d’une voix, l’intensité d’une lumière, le bruit d’une porte, le craquement d’une marche d’escalier, le rire d’un enfant, la pluie sur une fenêtre de toit, un parfum intérieur, autant de clichés qui nous frappent par leur réalisme.

La maison a cette faculté de réveiller nos sens lors de nos visites virtuelles qui nous permettent d’arpenter ses moindres recoins regorgeant d’autant d’anecdotes ayant marqué nos vies.

A la fois, véritables berceaux de nos émotions et tombeaux de nos secrets, même les plus inavouables.

Maison de notre enfance, foyer chaleureux, nid d’amour, de désamour, maison familiale aux heures heureuses comme aux heures sombres de notre histoire, lieu profondément lié à notre être et que l’on appelle de nos vœux lorsque sonne l’heure du grand départ.

Habiter sa maison, c’est aussi habiter son corps, affirmer son identité, se mouvoir dans un environnement choisi, dans un espace conçu par soi pour soi, un lieu qui nous abrite et nous protège où il fait bon se réunir, se retrouver, s’isoler, l’endroit où on peut se stabiliser, se reposer, se ressourcer pour mieux s’ouvrir au monde ; notre cocon, habillé pour l’occasion, que l’on présente aussi fièrement à qui franchit son pas.

Quatre murs à notre image, tantôt refuge, tantôt prison, une maison que l’on aime indifféremment selon notre état d’âme : tantôt vide, dépeuplée ou tantôt foisonnante, bruyante, effervescente, que l’on repousse angoissante parfois dans sa solitude.

Un lieu qui respire avec nous, qui partage nos battements de cœur, qui s’émerveille, pleure, rit, grandit et vieillit avec nous.

 

Un lieu à l’intérieur de nous-mêmes pour chacune des pages de nos vies qui assure une continuité dans notre histoire offrant une sorte d’immortalité symbolique grâce à la pierre qui perdure par-delà la vie humaine.

 

 

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23 mai 2020

La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf

Zabeth Stépan

 

 

grenouille

Une grenouille matait un bestiau

Qu’elle trouvait sacrément balaise.

Elle, qui était minus comme un œuf,

Jalmince, elle se met au turbin et s’enfle

Pour devenir aussi maousse que lui.

Et de jacter à sa frangine : » zyeutez ;

 C’est bon ? J’y raboule ? Je fais du gras ?

 Tintin ! - C’est nickel ? - Que dalle ! - Et là, j’ai du bide ?

Laisse béton, c’est un fiasco, tu vas te planter. » La pipelette un peu gourde

S’enfla si bien qu’elle péta.

Le monde est plein de péquins qui sont des zigotos :

Tout rupin veut une bicoque comme les aristos,

Tout petit prince a des frimeurs qui crânent,

Tout marquis veut avoir des larbins.

*************************************

Au bord de la mare, dame rainette contemple un bœuf

Elle admire bouche bée sa si belle stature.

Se trouve ridicule pas plus grosse qu’un œuf,

Veut fort lui ressembler, avec envie se gonfle,

Travaille, son seul but, devenir volumineuse.

S’adresse à sa sœur afin qu’elle la regarde :

« Suis-je énorme ? Crois-tu que je puisse y arriver ?

- Pas du tout ! – A présent ? – Pas encore. – J’y parviens ?

- Ma sœur c’est impossible ! » La maigre créature

Continua, s’acharna tant qu’elle éclata.

Dans le peuple, bien des gens montrent peu de raison :

Qui est bourgeois voudrait habiter un palais,

Qui de noble naissance se veut représenté,

Tous les grands courtisans souhaitent des valets.

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23 mai 2020

Le corbeau et le renard

Nicole Borel

 

 

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Maître Corbeau dans la cour confinée

S’égosillait le bec camouflé

Maître Renard par le masque appâté

S’approcha d’un sourire affecté.

« Hé Bonjour Monsieur du Corbeau !

Quel coffre vous avez là! Une véritable voix de stentor !

Tout le monde n’a d’yeux que pour vous ici !

Entre nous, votre cape noire en jette un max,

Sans parler de vos griffes d’enfer.

Un autographe pour votre admirateur ? »

A ces mots, le corbeau, gonflé à bloc

En oublie les gestes barrière

D’un grand coup d’aile tombe le masque

Roulant des plumes, bombant le torse

S’inclinant à tout va devant l’idolâtre.

Le renard se jeta sur l’objet de sa convoitise.

« Arrêtez de jouer votre célèbre diva !

Apprenez que tout simulateur

Vit aux dépens de celui qui s’y fie. »

Cette leçon vaut bien une protection sans doute.

Le corbeau, démasqué et vulnérable,

Jura mais un peu tard, qu’il ne se ferait plus pigeonner.

 

 

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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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