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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
11 novembre 2015

Les mots incertains

 Liliane Fainsilber -

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Il n’est pas facile d’être une petite fille de trois ou quatre ans et d’être obligée d’apprendre beaucoup de mots dont on n’a pas encore deviné à quoi ils servent. Ainsi l’autre jour je me trouvais devant la vitrine d’un marchand de glaces et je ne savais pas quel parfum choisir, tellement il y avait de couleurs de glace. Il y en avait une que j’aurais bien aimé avoir, elle avait une très belle couleur verte mais je n’étais pas très sûre de savoir comment elle s’appelait. C’était un nom comme moustache ou pistache et voilà que j’ai choisi le mauvais mot en disant "Je voudrais, s’il vous plait, une glace à la moustache". Tout le monde s’est moqué de moi, surtout mon petit copain Michel qui a un an de plus que moi et qui est tout fier de savoir déjà lire et écrire, alors que moi, je ne  sais pas encore. J’ai encore terriblement honte de les avoir fait rire à cause de cette glace à la moustache et je les ai tous détestés.

Il y a encore plein d’autres mots qui sont difficiles à comprendre et que les parents n’aiment pas tellement nous expliquer, c’est par exemple celui qui se trouve dans la prière qu’on récite le soir, après le notre père qui êtes aux cieux, celui du "Je vous salue Marie..." Il y a ce Jésus qui s’appelle le fruit de vos zentrailles. Je me demande bien quel est l’arbre qui s’appelle "zentraille" et quelle est cette sorte de fruit qui s’appelle Jésus. Je comprendrai peut-être mieux quand je serais grande et que je pourrais retrouver tous ces mots dans le dictionnaire. J’irais peut-être en rechercher d’autres, par exemple qu’est-ce que ça veut dire « être amoureux ». Je sais quand même un peu ce que ça veut dire car à l’école maternelle on chante souvent cette chanson «  Bonjour, Guillaume, as-tu bien déjeuné ? Oh, oui, Madame, j’ai mangé du pâté, du pâté d’alouettes, Guillaume et Guillaumette, chacun s’embrassera et Guillaume restera. Est-ce qu’être amoureux ce n’est pas  quand il y en a toujours un qui reste et qui est malheureux ?

 

Pour l’instant, je vais dans une petite école maternelle de mon quartier, parce que ma maman ne veut pas que j’aille à l’école communale de peur que j’apprenne trop de gros mots. Elle a tort d’avoir peur parce qu’en fait j’en connais déjà quelques uns, c’est même mon papa qui me les a appris. Il aime bien dire, par exemple, quand il est en colère «  Nom de dieu, de nom du dieu de nom de merde ». Pour ma petite sœur et pour moi, ce mot est interdit.  On a quand même  le droit de dire par exemple «  mer de Cannet »ou « Mer de Chine », mais ce n’est quand même pas aussi bien, ça ne fait pas autant de bien.

Quand je serais plus grande j’apprendrai plein de nouveaux mots dans les livres et dans le journal, par exemple celui du roi NABUCHODONOZOR, parce que je trouve que c’est un très beau mot et très long, et je saurais même les écrire sans faire de fautes d’orthographe.

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  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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