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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
19 décembre 2015

Coup de foudre sous une tempête de neige

Liliane Fainsilber -

 

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A cause d'une soudaine tempête de neige, nous nous sommes trouvés pris au piège, avec quelques autres automobilistes, sur une petite route de montagne, sans aucune maison à des kilomètres à la ronde. La nuit commençait à tomber et il faisait déjà très froid. Chacun sortit de sa voiture et essaya de s'organiser au mieux pour la nuit. Par chance un grand tas de bois coupé par les cantonniers se trouvait à proximité. Nos deux adolescents, Romain et Julien, furent tout heureux de faire un grand feu pour pouvoir se réchauffer. Ceux qui en avaient sortirent de leurs bagages quelques provisions et on s'aperçut donc que, sans faire un grand festin, la nourriture mise en commun serait amplement suffisante. C'est ainsi qu'à plusieurs familles jusqu'à ce jour inconnues l'une de l'autre, nous avons eu une très belle veillée au clair de lune, car le ciel était maintenant dégagé et plein d'étoiles. Dans l'une des voitures, une charmante jeune fille voyageait avec ses parents, elle devait avoir quinze ou seize ans. Elle semblait très timide mais au cours de la soirée, elle s'enhardit même jusqu'à parler un peu avec mes deux fils. Ils échangèrent quelques opinions sur leurs préférences musicales, se découvrirent une passion commune pour Ibrahim Malouf et Grand-corps-malade et firent plus ample connaissance, en discutant de leurs études communes.

Au moment de se réfugier dans les voitures pour tenter d'y dormir, l'un d'entre nous découvrit dans l'obscurité à une vingtaine de mètres de la route, une grange sans doute abandonnée. Poussant la lourde porte de bois, il vit qu'elle était remplie de foin et ferait donc un confortable abri. C'est donc là que nous décidâmes de nous installer. C'est ainsi que certains évoquèrent de merveilleux souvenirs d'enfance et de jeunesse, parmi eux, des souvenirs de voyages en auto-stop et de nuits à la belle étoile, la bonne odeur du foin dans les granges et la chanson de Mireille, « couchés dans le foin avec le soleil pour témoin, un petit oiseau qui chante au loin... »

Au petit matin, nous avions tous plein de foin dans les cheveux et les vêtements froissés mais nous avions très bien dormi.

Les déblayeuses, qui étaient maintenant arrivées du village voisin, entrèrent en action et dégagèrent la route.

Or au moment de tous nous séparer un peu à regret, un homme de belle prestance, cheveux poivre et sel, qui s'était présenté sous le nom d'Antoine de Poggioli, s'avança vers Florence, une des jeunes femmes auprès de qui il avait passé la soirée, il l'entraîna un peu à l'écart du groupe et lui dit qu'il aimerait bien la revoir.

On sait que les obstacles mis au développement d'une passion ne servent qu'à lui donner plus de force, mais encore faut-il qu'ils puissent être franchis. Nous qui étions ainsi devenus les témoins de la naissance de cette idylle, nous nous demandions tous si ce coup de foudre sous une tempête de neige pourrait avoir une suite. En effet Antoine de Poggioli était conseiller en communication auprès de l’Élysée, tandis que Florence, bergère moderne, gardait ses moutons sur les hauts plateaux du Larzac et faisait du fromage avec le lait de ses brebis. Est-ce toujours vrai que les princes, même de pacotille, épousent toujours des bergères ? Cela dépend des circonstances mais aussi du désir de ces dernières, et Florence, la jolie bergère du Larzac n'avait pas encore dit son dernier mot. Dirait-elle oui ?

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Deux ans après, ceux qui passaient le samedi sur le marché de Lodève pouvait discuter de vive-voix avec l'ancien conseiller en communication de l’Élysée. Celui-ci avait en effet abandonné à jamais ses coûteux costumes trois pièces et vendait désormais ses fromages auprès de sa jeune et charmante épouse. Il savait maintenant ce qu'était la vraie vie et tout cela à cause d'une tempête de neige.

 

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Mais ce qu'on sait moins c'est que depuis que son conseiller en communication l'a abandonné pour devenir berger, le président de la république n'a pas en effet réussi à justifier la vertigineuse ascension de la courbe du chômage et il ne pourra donc pas se représenter comme il l'a promis. Tout çela est donc la faute de la jolie bergère du Larzac dont Antoine est tombé amoureux. Comme le rappelle le proverbe «  A petite cause, grands effets ».

 

 

 

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  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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