Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
21 octobre 2015

Le caillou enchanté

                 
     Renée Gauvenet                          

 

enfant picasso

Une pluie de météorites s’abattit sur la terre, phénomène très rare qui passionna les savants du monde entier.
        Léon ne fut pas le dernier. Depuis qu’il avait repris ses fonctions à l’Institut, il avait travaillé d’arrache-pied, mais dans une ambiance plus décontractée. Or, il fit un jour, à partir d’un petit morceau de pierre, une découverte très importante qui devrait  apporter un grand bienfait à l’humanité.
        Dès qu’elle fut publiée,  il fut félicité, honoré et les journalistes se précipitèrent pour l’interwiever,  parlant même de lui comme du futur prix Nobel alors qu’il n’avait pas la quarantaine ;
        Mais Léon, qui se serait autrefois attribué tous les mérites de cette invention, déclara à la presse qu’il la devait autant à son travail qu’à celui de ses assistants, et leur offrit le champagne
        Cette modestie lui attira la sympathie  et l’estime de tous.
        Pour se décontracter, il décida d’aller se promener dans les Jardins du Luxembourg.
        Il se dirigea tout de suite vers la Fontaine Médicis, endroit romantique s’il en fut, , magnifiquement sculptée, dont le bassin miroitant est bordé de platanes . qui  lui  rappelait sa jeunesse estudiantine. Il s’assit, contemplant Galatée dans les bras d’Acis, qui semblaient toujours s’aimer  autant.
Autour de lui, on aurait dit, le même spectacle : des étudiants révisant (ou en  ayant l’air) leurs polycopiés, une dame âgée avec son livre de poèmes qu’elle se récitait en silence.  Léon se sentait rajeunir, surtout lorsqu’on vit de loin une espèce d’oiseau  noir battant des ailes qui se dirigeait vers eux, c’était une femme au nez pointu, au menton poilu, aux doigts crochus qui venait réclamer son dû, la chaisière, en un mot.  Les étudiants  comme  moineaux d’égayèrent, poursuivis  d’invectives.
Léon lui donna sa piécette, et poursuivit sa promenade ; il passa devant le grand bassin où des enfants faisaient flotter des bateaux plus où moins grands. Il y avait même un gamin qui au bout d’une perche, essayait de maintenir un pauvre bateau en papier qui menaçait de couler .
En continuant, il aperçut dans les gravillons un petit caillou aux reflets  bleutés qu’il ramassa machinalement et mit dans sa poche.
Léon arriva près d’une petite baraque qui abritait le Théâtre de Guignol ( ce n’était pas encore la scène moderne) Guignol, Gnafron et Madelon  se disputant avec force coups de bâton, les enfants s assis sur des bancs, criant, riant, sautant en l’air. Les parents, debout derrière, attendant patiemment la fin .
Léon remarqua qu’au premier rang, une fillette  d’environ quatre ans, en robe à smocks, aux belles boucles brunes, regardait, impassible les marionnettes, sans qu’un sourire vint égayer son ravissant visage.
  Enfin le spectacle se termina. Les enfants, en se bousculant, rejoignirent leurs parents. La petite fille se dirigea vers une jeune femme élégante.
 Lorsque Léon croisa son regard, ils se reconnurent immédiatement. C’était la jeune fille qu’il avait tant aimée mais sacrifiée à sa carrière.
Elle lui raconta qu’elle s’était mariée, venait de perdre son mari, et que depuis, sa fille ne souriait plus, parlait et mangeait à peine
Léon acheta un beau ballon  qu’il  donna à  la fillette en lui disant qu’en le regardant flotter vers le ciel elle  verrait le soleil qui lui apporterait de la joie. Elle le gratifia d’un « merci Monsieur »  très poli, mais toujours sans sourire
Mû par une impulsion, il sortit de sa poche le caillou  qu’il avait trouvé, et le mit dans sa main. Il  lui assura que chaque fois qu’elle aurait de la peine, en serrant fort  cette petite pierre bleue, elle serait rassérénée. Cette fois, l’enfant lui sauta au cou, et ils partirent  tous les trois vers un avenir qui ne saurait être que radieux ;
Merci, Guignol, pensa Léon.               

 

 -

Publicité
Publicité
Commentaires
Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité