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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
25 septembre 2015

La belle prise de Mathurin

 Liliane Fainsilber -

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 Mathurin était un garçon solide. Il avait les deux pieds sur terre, aussi les gens du village furent très étonnés lorsqu'ils apprirent ce qui lui était arrivé.

 Comme chaque soir le pêcheur était parti en mer et comme chaque matin il avait ramené ses filets vides jusqu'au jour où il avait eu la surprise de découvrir au milieu d'un lit d'algue une magnifique ondine endormie. Il avait d'abord cru que c'était une sirène mais son corps ne se prolongeait pas par une queue de poisson. Prise dans son filet, tandis qu'elle se réveillait, il vit en effet deux jolis petits pieds dépasser des plis de sa robe blanche. Elle semblait être à peine sortie de l'adolescence.

 Toute étonnée de se retrouver ainsi entortillée dans les filets du pêcheur sur le pont de cette barque, au milieu des varechs et des restes de coquillages, quand elle fut un peu réchauffée au soleil, elle s'ébroua et lui demanda en breton car elle ne semblait pas savoir parler le français, comment il s'appelait et où il habitait. C'est ainsi qu'ils firent connaissance. Comme elle s'était perdue en mer, il lui proposa de la ramener à terre et même de l'héberger chez lui, en se demandant cependant, ce que pourrait en dire sa femme.

 

Chemin faisant, installée à la proue de sa barque elle lui raconta en quelles circonstances elle s'était retrouvée nageant en pleine mer. Elle lui expliqua qu'à l'inverse des sirènes, les ondines sont des créatures qui vivent plutôt près des lacs, des rivières et des fontaines. Elles préfèrent donc l'eau douce à l'eau de mer. Elle vivait, avec toute sa famille près de l'église de Tonquedec, auprès de sa très vieille fontaine et de son calvaire breton. C'était ainsi qu'elle avait pu apprendre la langue des humains, lorsque les paroissiens venaient à la messe du dimanche et surtout pour le grand pardon de la Saint Tonquedec. Mais cette petite ondine s'était sentie tellement à l'étroit dans cet enclos breton qu'un jour elle avait échappé à l'attention de sa famille et, de lacs en rivières et en ruisseaux, était parvenue jusqu'à la mer. De fait, Mathurin pensait qu'elle ne lui avait peut-être pas dit toute la vérité. Il supposait donc que, comme la petite sirène d'Andersen, elle était tombée amoureuse d'un humain et était partie à sa recherche de par les océans. Fugitivement, il regretta d'être trop vieux, pour profiter de cette belle rencontre. Il soupira et rentra sagement au port avec sa belle prise qui s'évapora lentement dans les voiles de brume du petit matin. 

 

 

 

 

 

 

 

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  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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