Cap sur mon rêve…
Nicole Borel
Aujourd’hui encore, je me demande comment j’ai pu en cette année 1991, prendre cette décision qui allait transformer radicalement ma vie et celle de ma famille. Etait-ce bien moi ?
Ou était-ce le bicentenaire de la Révolution célébré deux ans plus tôt qui avait réveillé mon besoin de liberté ou une prise de conscience soudaine que moi seule me posais mes propres limites dans une vie où je me sentais de plus en plus contrainte et bloquée par une réalité qui me retenait.
L’idée a germé à mon insu, probablement tapie dans un coin de ma mémoire, guettant le moment propice. J’avais toujours rêvé de devenir institutrice, ce rêve refaisait surface l’année de mes 32 ans, refoulé jusque-là, mis à mal par ma volonté de ne pas décevoir mes parents qui avaient choisi une autre voie pour moi.
La vague du changement s’est formée sous les vents dominants d’une détermination que je ne me soupçonnais pas, elle a tout balayé pour satisfaire un besoin vital à cette période de ma vie, qu’importe si j’étais mariée, mère de trois enfants, un travail, une maison, une vie rangée en somme, un confort tranquille dans lequel je m’étais oubliée.
Ma réussite au concours, auquel j’avais décidé de m’inscrire cette année-là, a été la septième vague, celle qui a tout emporté, a fait face aux vents contraires en chamboulant toute ma vie, m’éloignant des miens, de ma région car admise non pas en Bretagne où j’avais toujours vécu mais à Versailles, curieuse coïncidence. C’est l’instant où tout aurait pu basculer n’étant pas préparée à ce dilemme …
Notre vie, cette année-là, a pris une autre destination.
Implacablement, j’ai mené mon projet à son terme, tel un bateau à bon port, contre vents et marées : flux, reflux, secousses, tournoiements, grêles et pluies ont fait ma force et ont été le moteur de mon changement de vie.
Nicole Borel (Février 2020)