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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut

18 février 2016

Comme Perrette et son pot au lait

 Liliane Fainsilber -

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Quand nous étions petites, mes sœurs et moi, nous habitions sur les hauteurs de Nice, sur l'une des collines qui entourent la ville. Le soir en m'endormant, je voyais de ma fenêtre, se dessiner à l'horizon, se découpant dans le ciel rougeoyant, de longues frises de pins parasols. Je les comparais, volontiers à une caravane de chameaux se déplaçant dans le désert.

 Notre immeuble avait été construit avec l'aide de la loi Loucheur, loi qui permettait à des gens modestes d'accéder à la propriété. Il était encore entouré de champs d'oliviers et surtout des serres dans lesquelles poussaient les célèbres oeillets de Nice. Ils poussaient avec une telle abondance qu'ils étaient vendus sur le marché du vieux Nice par bottes de cinq douzaines. Dans ce quartier de Las Planas c'était donc encore un peu la campagne. Je me souviens que le lundi de Pâques nous allions en famille faire un grand pique-nique près d'un lieu que nous appelions La source. Maman, à cette occasion, préparait un énorme pain bagnat. Elle ouvrait en deux un grand pain, trempait d'abord ses deux moitiés dans une sauce vinaigrette faite avec une huile d'olive très fruitée, puis elle garnissait ce pain de rondelles de tomates, d'oignons, et d'oeufs. Elle y rajoutait des anchois et des olives, le tout faisant un délicieux mélange au goût et peut-être encore plus au parfum inimitables.

 

Une petite route, parmi les oliviers, devait conduire à cet immeuble peut-être était-elle à peine goudronnée, et encore peu fréquentée. Ma sœur et moi, encore petites, cinq et sept ans, nous étions chargées d'aller chercher du lait dans un pot à lait en fer blanc, sans doute identique à celui de la fable de La Fontaine, celle de Perrette et du pot au lait. Ce n'était sans doute pas à la ferme mais plutôt à l'épicerie du coin, car dans cet arrière pays niçois, je ne vois pas trop comment un troupeau de vaches aurait pu y trouver subsistance.

Une fois rempli de lait, peut-être trouvions-nous qu'il était trop lourd, aussi à chaque fois, ma sœur et moi nous nous disputions pour savoir qui le porterait. Comme nous n'arrivions pas à nous mettre d'accord, je le déposais à ce moment-là au milieu de la route et nous avancions toutes les deux, en l'abandonnant, prenant le risque qu'une voiture arrive et le renverse. Dans son souvenir, ma sœur prétend que c'était toujours elle qui cédait et allait rechercher le pot. Quant à moi, je garde le souvenir d'une délicieuse inquiétude, le plaisir de braver le sort. A l'époque, il ne devait pas y avoir beaucoup de circulation sur cette petite route et je ne prenais donc pas de gros risques en abandonnant ainsi ce pot au lait aux lois du hasard.

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10 février 2016

Hans et jean

par René STEPAN

Nous sommes le 25 décembre 1917, donc le jour de Noël. Après avoir échangé de nombreux coups de feu, jets de grenades et incursions stériles dans les lignes adverses, les commandants des deux camps ont décidé une trêve, la trêve de Noël, célébrée en France mais aussi en Allemagne. Cette trêve consiste d’abord en un match de football France-Allemagne. De nombreux coups irréguliers sont échangés surtout au début et l’Allemagne gagne ce match 5 à 4.

 On dira plus tard que le foot-ball est un sport qui se pratique à 11 contre 11, mais que c’est toujours les allemands qui  gagnent…

Ensuite, un tournoi de cartes trouvées au fond des besaces va calmer les esprits et favorise  les sympathies. Car, bien sûr, ces jeunes gens se demandaient encore pourquoi ils s’entretuaient et surtout pourquoi ils étaient là, alors qu’ils auraient été mieux dans leurs familles, dans leurs fermes natales, autour d’un bon feu de cheminée et d’une table frugale – guerre oblige – entourés de jeunes enfants, certains étant les leurs.

Ce souvenir et ce besoin avaient généré de profondes sympathies entre les jeunes gens.

Parmi eux, deux jeunes recrues, Hans l’Allemand, grand blond musclé et Jean petit brun et mince. Tout semble les opposer ils parlent tous deux un mauvais français – pour l’un de brèves études à la faculté de Munich et pour l’autre peu de mots appris pendant les longues veillées dans la ferme paternelle en Alsace, près de Strasbourg.

Autour d’une bouteille d’eau de vie rescapée d’on ne sait où, ils discutaient longuement

«    Cette guerre, à quoi sert-elle ? demande le Français

- Certainement à engraisser nos politiciens, et à faire valoir nos chefs, bien planqués .

- Moi, j’ai l’impression de servir de chair à canon, dit Jean. C’est une drôle de guerre anticipe-t-il.

- Mais non, il s’agit de montrer que notre patrie est la plus forte ! Vous avez cru, avec votre esprit revanchard entretenu par vos maîtres d’école que vous appeliez les hussards noirs de la république jusque dans les campagnes les plus reculées, que cette guerre n’allait durer que quelques jours, au plus quelques semaines ; vous êtes partis « la fleur au fusil »,  mais nous  voilà plus forts que jamais !  répond Hans avec véhémence.

-Mais tout ce que nos instituteurs en blouse noire nous ont dit et fait chanter ????

-Balivernes que tout cela, l’Allemagne avec ses chefs prussiens est la plus forte !

-Et nous, on vous battra quand même !

-Ce qui n’a pas été le cas en70, aux dires de mon père, reprend  l’allemand.

La conversation prenant une tournure agressive, Hans calme le jeu :

«  Aujourd’hui, c’est Noël, et nous ne sommes que de simples soldats programmés pour se battre l’un contre l’autre. Ne gâchons pas ces moments privilégiés qui nous sont offerts.  Jean lève alors son verre d’eau de vie :

« A la santé du meilleur, dit-il, contrarié mais réconcilié avec l’Allemagne grâce aux paroles de Hans. »

La soirée dura longtemps, ponctuée de chants et d’embrassades.

Sur ce, le lendemain, ils continuèrent à se tirer dessus. L’histoire ne dit pas s’ils se sont sortis du bourbier de cette grande guerre, mais espérons pour eux qu’ils ont retrouvé leurs familles, leurs fermes et surtout leur sérénité.

 

Epilogue

 Pour compléter ce texte, voici quelques renseignements utiles indiquant quelque suite importante à cet évènement mondial :

*sur le plan professionnel :

 La  fin de cette guerre 1914-1918 a provoqué des retours dans les foyers difficiles : couples et familles défaites, gueules cassées… La façon de cultiver la terre n’est plus la même, certains soldats agriculteurs refusent de continuer leur métier dans des conditions difficiles qu’ils n’imaginaient pas et qu’ils ont découvertes au contact des autres plus chanceux… Fini donc de cultiver des parcelles inaccessibles et peu rentables.

* Sur le plan culturel :

Sans conteste, un rapprochement de l’élite intellectuelle s’est établi entre auteurs français et étrangers.

* Cet évènement a suscité de nombreuses créations récompensées :

Le roman «  Les croix de Bois » de Roland Dorgelès a obtenu le prix Femina en 1927.

Le roman « Au revoir là-haut » a obtenu le prix Goncourt 2013.

Les films « La grande illusion » et « Joyeux Noël » ont eux aussi été primés.

Sans parler des écrits et poèmes anonymes de soldats réfugiés dans leurs tranchéesainsi que des œuvres non citées et non moins importantes.

Hélas, l’esprit revanchard suite à la capitulation allemande signée à Rethondes dans un célèbre wagon de chemin de fer s’est manifesté avec la montée du nazisme et d’Hitler qui ont mené à la seconde guerre mondiale et aux atrocités découvertes à cette occasion…

* Sur le plan politique :

En 1920, la création de l’inefficace Société des Nations (SDN) qui devait contrôler les éventuels conflits entre les pays n’a pas servi à grand-chose ; la création de l’ONU a dû prendre le relais en 1945 avec l’efficacité que l’on connaît.

Les conflits en Europe sont toujours présents : chute des gouvernements de l’Est, conflit des Balkans etc…

Espérons que l’année 2016 apporte une solution à tout cela.

 

janvier 2016

 

7 février 2016

Petite Fleur

Renée Gauvenet -

 

2008-02-16 17

Quelle horreur que ces déménagements, on fait des cartons, on les défait jusqu’au prochain, et on recommence….

Les faire, c’est assez facile, mais les ouvrir, c’est autre chose, on commence par ceux qui  contiennent les choses les plus utilitaires, puis les objets précieux ou de décoration  mais on en a vite assez et on remet à plus tard ceux qui sont les   moins nécessaires, qu’on range au grenier ou dans un cagibi, selon le cas.

Il arriva qu’un jour, elle tomba par hasard sur une boite étiquetée « cassettes », qui n’avait pas été ouverte depuis longtemps, les cassettes ayant été détrônées pas les disquettes ou les CD.  Soudain, nostalgique, elle défit la bande collante, et montèrent à sa tête des souvenirs depuis longtemps oubliés
D’abord, ce fut « Nuages » et « In the mood ».  Elle avait tant dansé sur ces  airs au temps de sa jeunesse ! Puis, soudain, elle retrouva la cassette  de Sidney Bechet…..
Elle la mit sur le lecteur et l’écouta en boucle.
C’était tout une période occultée qui revenait à elle, ses années de fac,  où après quelques déceptions, elle se retrouvait seule. Certes, tout le monde était charmant avec elle. Elle lisait beaucoup et échangeait ses lectures, faisait partie d’un groupe de théâtre.
Un jour, des  copains lui proposèrent d’aller écouter quelques musiciens dans une cave de Saint Germain des Près. Elle accepta.
Il y avait énormément de monde  dans un espace restreint, les quelques chaises étaient  occupées Perdue  dans la foule, elle ne voyait rien lorsqu’un étudiant  lui fit signe et lui offrit obligeamment  un genou  qu’elle accepta. Enfin, elle voyait les musiciens, Sidney Bechet et Claude Luter qui jouaient des airs inconnus jusque là qui médusaient les auditeurs : « Les oignons »,  « Petite Fleur », « Summertime » et qui devaient devenir célèbres.  Le Jazz venait d’être adopté en France.
Soudain Sidney Bechet  l’aperçut, toute timide dans son coin, tourna sa clarinette vers elle, et lui dit : « oh ! here you are, my little flower »  et  joua Petite Fleur pour elle.
Ce fut une standing ovation, on la porta en triomphe et du jour au lendemain, la petite étudiante devint une célébrité. Ce fut à qui l’inviterait pour un café, une partie de ping pong, les bals des Grandes Ecoles et d’autres propositions moins honnêtes…..
Elle retourna plusieurs fois au « Lorientais » écouter et regarder Sidney et Claude Luter.
Puis elle se maria et oublia cette période de sa vie.
Un soir, son mari, auquel elle avait raconté l’histoire de Petite fleur, lui annonça que Sidney Bechet se produisait dans un cabaret de la rue Saint  Benoit, où il avait retenu une table.
Lorsqu’ils arrivèrent, personne ne fit attention à eux. On les installa près de l’orchestre, et ils  commandèrent une coupe de champagne.
Il y avait là toutes les célébrités germanopratines, Greco et les autres.
Puis Sidney entra sous les ovations et entama  son concert.
Soudain, leurs yeux se croisèrent et il reconnut la petite jeune fille d’antan. Avec un grand sourire, il dit en français cette fois : Petite fleur et, à nouveau  joua pour elle.
Le  public regardait avec   stupeur ce couple anonyme  habillé simplement, complet-cravate et petite robe noire,  auquel cet honneur avait été fait. On leur apporta une bouteille de champagne « avec les compliments de la maison ».
Ils rentrèrent chez eux tout émus.
Puis, la cassette retourna avec les autres dans un carton, mais l’air resta dans sa tête et dans son cœur.

4 février 2016

Du père au fils

Liliane Fainsilber -

 

2015-10-15 11

A l'orée de la cinquantaine, Alexandre Laurier était un brillant journaliste et ceux qui l'approchaient auraient pu penser qu'il avait tout vu, tout lu, tout caressé, pourtant, lui, pensait qu'il avait tout raté.

Devant cette soudaine perte de goût pour tout ce qui jusque là avait constitué les intérêts majeurs de sa vie avec parmi eux, l'amour de son métier et son affection pour sa femme et ses enfants, il ne sut tout d'abord comment réagir. Il attribua d'abord cet état d'âme au surmenage, car il travaillait en effet beaucoup, puis à l'âge lui-même, c'était le début de la vieillesse. Mais il abandonna assez vite toutes ces mauvaises raisons et décida de prendre rendez-vous avec un psychanalyste. Il se précipita chez celui qui à l'époque avait tellement de succès, le docteur Lacan. Mais sur son divan, il n'y était pas le moins du monde question de mondanités. Il prit vite la mesure de cette rude expérience qu'est la psychanalyse en s'allongeant sur son divan. Il parla bien sûr et longuement de son enfance, mais au fil des séances, il évoqua aussi ce qu'avait été la vie de son père car il découvrit qu'elle n'était pas sans lien avec son marasme psychique actuel.

 

André Laurier, son père, n'avait pas pu poursuivre ses études au-delà du certificat d'études, ses parents avaient refusé de les lui payer trouvant qu'ils n'en avaient pas les moyens. Il avait donc commencé à travailler à l'âge de quatorze ans comme petit télégraphiste. Quand il avait rencontré Cécile, sa mère, ils travaillaient tous les deux à la poste, derrière les guichets. Comme il était très courageux et avait une très grande soif d'apprendre, il passa tous les concours internes de cette administration et gravit progressivement tous ses échelons. C'est ainsi que son père, à la cinquantaine, se retrouva mis en concurrence pour un très haut poste avec un de ses collègues qui lui sortait de l'ENA. Il ne supporta pas d'avoir à affronter celui qu'il voyait comme un redoutable rival et sans attendre la décision qui aurait été prise, il préféra prendre une retraite anticipée, retraite qu'il supporta très mal, lui qui avait été toujours si actif et travailleur.

Au moment de ces faits, Alexandre venait de terminer son cursus à Sciences po et avait réussi le concours d'entrée de l'école de journalisme de Lille. Sans doute s'accusait-il maintenant d'avoir été assez peu sensible à la détresse morale de son père au moment de l'arrêt de sa carrière sur un échec. Il se souvenait que sa sœur, médecin, lui avait donné de fortes doses d'antidépresseurs. Alexandre avait essayé de l'en dissuader, car il trouvait que leur père était ainsi assommé par ces médicaments mais il n'avait pas eu assez de force et d'arguments pour le convaincre de les arrêter. De cela aussi il se sentait coupable.

 

C'est ainsi, que bien malgré lui et surtout sans rien en savoir, s'était transmis cet événement douloureux qui avait marqué la vie de son père et qui, arrivé au même âge, était venu marquer la vie pourtant réussie et heureuse de son fils. Par chance, son père était encore en vie. Ils pourraient tous les deux en reparler.

 

 

 

1 février 2016

La rascasse

Marie-Claude Miollan -

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La Seyne le 15 Nov 2012

        Coucou Léa,
Cette nuit j’ai rêvé de toi, nous déjeunions ensemble dans un resto de poisson au Brusc au bord de la lagune où nous avions vu il y a longtemps des cygnes se poser. A mon réveil j’ai réalisé que cela faisait une éternité que je n’avais pas papotée avec toi. Comment vas tu ? Comment vont les enfants ? Jean s’est il remis de sa vilaine  blessure au talon? A-t-il meilleur caractère ?
A 15 ans on est fragile et souvent grognon. La décision que vous avez prise, Jean-Luc et toi de le changer de collège lui sera surement profitable.
Ici tout va plutôt bien, on peut dire que ça roule. Jusqu’à la Toussaint la baignade était quotidienne dans une eau à 20° sous un soleil d’été, un vrai régal! Le changement climatique a aussi de bons cotés !!  
En regardant la météo on pensait fréquemment à vous, pauvres parisiens sous les nuages et la pluie.
Hier soir souhaitant faire découvrir à des amis La Rascasse où nous avions mangé ensemble, tu t’en souviens surement une bouillabaisse d’anthologie avec une rouille à en tomber par terre, et un Bandol dont nous avions abusé. Eh bien hier soir  nous avons trouvé porte close. Cela nous a surpris et déçus. Nous avons du nous rabattre sur un resto plutôt quelconque que je ne recommanderai pas.
Voici quelques nouvelles du Sud.
En espérant te lire bientôt.  La bise.      Marina

 

La Seyne le 22 novembre 2012
Léa,
Tu me dis dans ta dernière lettre ne pas te souvenir de ce resto .Ce n’est pas possible ! En plus du top de la bouillabaisse nous avions remarqué avec amusement que  patronne et serveur avaient une relation étrange faite d’animosité et d’attirance. Nous avions, en riant, beaucoup fantasmé sur ce qui devait se passer entre eux en cuisine. Bon !tu vois surement de quel resto je te parle maintenant. Eh bien ce resto est fermé.
 Le marchand de journaux à proximité, m’a confirmé que depuis 15 jours il n’avait vu personne ni entrer ni sortir.
 C’est vraiment bizarre ? Habituellement il est ouvert quasiment toute l’année non stop et ne ferme qu’après les fêtes de fin d’année, début janvier.
Peut être leur est il arrivé quelque chose ?
 Sur ces questions, je te quitte ma chère Léa. Je  vais faire des courses, mon frigo est vide.
La bise.              Marina.







La Seyne le 12 Dec. 2012.
Coucou Léa,
Merci pour ta longue missive pleine de détails. Les nouvelles que tu me donnes de vous tous m’ont fait plaisir. Tout en te lisant je revoyais ton fils à l’âge de 5 ans, assis dans le sable, un râteau et une pelle à la main, bronzé comme un pain d’épices, riant aux éclats au bord de l’eau.
Chez nous, puisque tu me poses la question, Stéphane se relève doucement d’une mauvaise grippe qui l’a mis à plat. Pour ma part je vais fort bien, la saison théâtrale a recommencé et les pièces au théâtre Liberté comme à Châteauvallon me  conviennent. Ce qui me réjouit. Les prix littéraires m’ont apporté quelques nouveautés. J’ai commencé avec gourmandise « La septième fonction du langage » de Binet qui m’amuse beaucoup. Les descriptions du milieu germanopratin des années 70 sont un vrai régal !
Tu me demandes dans ta dernière lettre si La Rascasse a ouvert à nouveau ses portes. Peut être penses tu déjà aux fêtes de fin d’année ? Eh bien, j’ai le regret de te dire que « non » et que cela commence à m’intriguer. Je suis passée devant lundi en me baladant, il était toujours fermé. C’est vraiment bizarre.
Le marchand de journaux à coté, toujours le même m’a dit que rien n’avait bougé depuis un mois. Voilà tu en sais maintenant autant que moi, je vais tenter d’enquêter auprès des poissonniers. J’aimerai bien qu’il soit ouvert à Noël. Dés que je sais quelque chose, je te tiens au courant.
Je te quitte, j’ai du travail qui m’attend. J’ai reçu hier la liste des cadeaux de Noel des enfants, et  vais tenter de les trouver.
La bise. A bientôt. Marina.


La Seyne le 17 décembre  2012
Coucou Léa,
Comme je te l’avais annoncé  j’ai laissé trainé mes pas et mes oreilles sur le marché de Six Fours et voici les infos que j’ai glané concernant La Rascasse et ses occupants.
Tout d’abord, Gisèle la patronne et le bel Antonio beaucoup plus jeune qu’elle se sont rencontrés m’a t on dit sur une plage en Sicile au cours de vacances. Ce fut très vite la passion.
Il quitta sa femme et vint vivre avec elle. Lui, employé comme serveur depuis un an, on dit que leur relation s’est très vite dégradée. Elle est jalouse, très jalouse. Lui, en salle joue les jolis cœurs auprès des clientes tandis qu’elle bosse en cuisine. On dit aussi que la différence d’âge qui n’était pas apparente commence à se laisser percevoir et que cela la rend mauvaise.
Tout cela est sans doute vrai mais cela n’explique pas pourquoi le resto est fermé. A la réflexion il y a selon moi plusieurs hypothèses
1-Le bel Antonio a tout plaqué. Il est parti rejoindre sa femme en Sicile
2-Giséle l’a mis dehors un soir de crise et maintenant déprime.
3-Elle l’a tué, mis dans son congélateur en attendant de pouvoir se débarrasser du cadavre.
Trêve de plaisanterie, le mystère reste entier. Affaire à suivre.
Je te quitte ma chère Léa, la pluie vient de cesser je vais en profiter pour aller faire une promenade sur la plage.
Je te tiens au courant dés que j’ai d’autres infos.
Bisous.      Marina  la détective.


La Seyne le 20 Décembre 2012
« De profundis » ma chère Léa
LA  RASCASSE est morte. Gisèle et Antonio sont rentrés de TOKIO où ils ont appris sous la férule de l’excellent maitre étoilé  Masushitamoto l’art du sushi.
Un grand encart dans Var Matin annonce l’ouverture de leur     Sushi Bar dés demain.
Et bien Léa cette bouillabaisse dont nous rêvons, il va falloir apprendre à la faire nous même. On pourrait aussi dire ou chanter en cœur : « De profundis clamavi ad te, Domine » Des profondeurs je crie vers toi Seigneur, rends nous La Rascasse.
  Dépitée et grognon, j’espére te lire bientôt.  
 Affectueusement  Marina.                                                        

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31 janvier 2016

Cuisiner, quelque soit la saison

Bernadette Zygart -

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Les magazines regorgent de recettes de cuisine ; aujourd'hui nous quittons ce qu'on appelle la période des fêtes de fin d'année.
Passe l'Epiphanie et son cortège de galettes toutes meilleures les unes que les autres. Les menus basses calories prennent le relais avant d'aborder le printemps, la fête de Pâques,les oeufs dans toutes les versions, et puis l'agneau si tendre.
Les grandes vacances approchent, vite il faut songer à paraître au mieux de sa forme dans le maillot de bain,garder ou obtenir le "look" devient alors prioritaire !
Enfin, c'est la rentrée, il faut garder les acquis de l'été, se nourrir léger et équilibré jusqu'aux fêtes où,habituellement tout est permis.
J'adore faire la cuisine ! Tellement que j'en fais très peu, de peur de rater.  Et puis, imaginez le nombre de suggestions culinaires proposées dans les hebdomadaires ou mensuels...
Attirée par l'image du produit fini, après lecture,lorsque j'évalue mes probabilités de réussite,je me lance dans la préparation. Soudain je suis prise de fébrilité, lisant et relisant
la composition, les quantités nécessaires, le déroulement  par étapes. Je me demande : "Ai-je tous les ingrédients demandés ? Rassemblant tous les éléments,je commence ;
et cela se bouscule un peu dans ma tête,je me sens pressée d'avancer ;en même temps je vérifie dans le magazine, que j'ai sous les yeux bien sûr, le déroulement de la préparation. Parvenue au moment où il faut  rajouter telle saveur ou telle épice qui donne le goût,voilà que je n'en ai plus, ou bien il fallait l'ajouter au début, j'ai mal lu, trop  pressée sans doute, trop remplie de cette fébrilité désagréable impossible à dominer. Je voudrais à la fois avoir fini et prendre mon temps; j'aime le travail bien fait et la cuisine se prête bien à ce genre de contradiction : elle prend l'"exécutante par les sentiments par le construction d'un chef'd'oeuvre du goût, mais que vienne à manquer un composant
même insignifiant et toute l'exécution est perturbée. En même temps un ratage quel qu'il soit,laisse la place à une autre chance, un autre jour. En fait ce ratage peut être 
programmé dès le début, "sauter" une ligne de lecture n'étant  peut-être pas innocent,surtout si c'est récurrent.
Qu'importe, cela deviendra ma touche personnelle.
30 janvier 2016

WARUM ?

Par Zabeth STEPAN

Warum ! Non, il ne parle pas allemand, mais, dans le fond de ce carton où dormaient depuis quelques décennies de  nombreuses vieilles cassettes audio, il vient de la retrouver.

Cette chanson, ce slow inoubliable, que de souvenirs elle fait resurgir !  Vite, chercher un lecteur, oui, cet antique baladeur, pourvu qu’il fonctionne ! Sa main un peu tremblante engage la cassette, appuie sur la touche et la voix grave de Camillo s’écamillolève et le plonge dans une douce rêverie.

Emotion, quand tu nous tiens… Il revoit la pochette du 45 tours qui tournait inlassablement dans sa chambre sur le petit tourne disques Teppaz. Il se souvient du visage du chanteur, photo en noir et blanc, la pipe qu’il allume et la fumée qui l’enveloppe. Et par-dessus tout, il revoit, non, il revit les surprises parties adolescentes, est-ce qu’on disait les surboums déjà ? Comment oublier les slows langoureux dans la pénombre, le balancement des corps qui suivaient la musique et surtout les filles qu’il tenait dans ses bras et embrassait maladroitement. Elles étaient toutes jolies, bien sûr, et il s’empressait de flirter avec elles craignant peut-être que sinon, elles ne s’intéressent pas à lui.

Il en avait du succès, beau garçon, particulièrement drôle, et était par la même devenu la vedette des bals du dimanche après-midi. Il n’avait qu’une envie irrépressible, enlacer ses cavalières, les entraîner sur la piste, sous la boule à facettes qui tournait au plafond.

Son seul souci à cette époque, laquelle choisir, avec laquelle commencer une histoire d’amour ? Dommage, il était sûrement trop inquiet de rater la plus intéressante, ne savait se décider et se contentait de papillonner de l’une à l’autre. Vite, séduire ; nostalgique, il se souvient de ces attitudes et se demande : pourquoi ce comportement hâtif, un peu brusque, trop pressé de plaire, de courtiser ? Il se demande encore si ces manières ne l’avaient pas fait cataloguer comme un garçon frivole, moqueur, pas vraiment sentimental. Sa réputation de dragueur, de don juan, le desservait-elle ? Peut-être… quoique… les filles avaient toutes le même objectif : sortir avec lui qui était la coqueluche du lycée et qui sait, être celle qui saurait le conquérir et le garder.

Souriant, il fredonne, accompagne la chanson, il en a oublié les paroles, pourtant, avant il savait les dire en duo avec Camillo. Il en connaissait même la traduction. Il se revoit les murmurant à l’oreille de ses conquêtes qui le regardaient d’un air énamouré. « Souvenirs, souvenirs » comme le chantait Johnny à cette époque !  « C’était bien ! » et même comme disait Michel Delpech « c’était chouette, on y retournera. » En fait, on y retournerait bien.

Depuis, le temps a passé…. Cette période magique de la jeunesse s’est enfuie, emportant le joyeux souvenir de toutes ces aventures. Ce n’est pas avec une de ses petites amies d’alors que sa vie s’est faite. Peut-être trop pressé, n’a-t-il pas su retenir le moment ? Tout coulait entre ses mains comme du sable.

Au fil des souvenirs, au fil de la chanson, il ressent de nouveau les sentiments de son âme adolescente, son impatience, sa curiosité et même sa maladresse.

Agréable et doux moment de retour dans son passé ; la chanson terminée, il n’a qu’une envie : l’entendre encore et encore, puis songer encore et encore.

Quand enfin il ouvre les yeux, quand il reprend pied dans le moment présent, la douceur demeure telle un bonbon acidulé.

Des regrets ? Non, sûrement pas, il n’a rien manqué, rien raté. S’il revenait en arrière, serait-il différent ? Non, il ne le croit pas. Qu’y a-t-il de plus aussi beau que la jeunesse, beaucoup de poètes l’ont écrit, chacun à leur façon et tout compte fait, il ne peut qu’être d’accord.

A présent, devenu sentimental, il gardera pour toujours son jardin secret. Il lui sera facile de s’y promener grâce chaque fois à l’écoute de cette chanson si romantique.

Merci Monsieur Camillo et vous, ne me demandez pas : «  Warum, sag warum ? »

 

 

30 janvier 2016

Le poids de l'histoire

794891804-pas-de-l'oie-armee-de-l'air-allemande-rassemblement-des-troupes-casque-metalliqueDaniel Fainsilber -

Antoine sait qu'il est adopté et que ses parents allemands l'ont confié à quatre ou cinq ans à des amis américains. Il croit connaître la date et lieu de sa naissance et le nom de son père. Ses parents adoptifs lui ont donné leur nom bien américain et prétendent ne rien savoir de l'histoire de ses parents. On peut imaginer que Heinrich, le père, a été déclaré criminel de guerre et qu'il faisait partie des SS, qu'il avait organisé des massacres systématiques en Russie ou des les camps de concentration, en Allemagne ou en Pologne. On a du mal à concevoir la sauvagerie des SS en Russie. Le livre de Little, « Les bienveillantes », donnent des descriptions terribles de villages incendiés, de paysans massacrés, de juifs brûlés vifs dans les synagogues ou gazés dans des camions étanches. Antoine, à l'adolescence, avait lu avec effroi ces récits et ne pouvait qu'imaginer l'implication de son père. Après la guerre, Heinrich avait échappé à la justice, en utilisant les filières du Vatican, de couvents en couvents, en Autriche, en Italie et passage en Argentine ou en Colombie, sous une fausse identité.

Sans doute avait-il voulu éviter à son fils le poids de la culpabilité et les pérégrinations et les multiples changements de domiciles et d'identités, du fait de la traque des nazis après la guerre. Antoine cependant est très désireux d'aller en Allemagne pour essayer de retrouver sa famille d'origine, peut-être même ses grands parents. Il pourrait reconstituer au moins une partie de la vérité. Cependant quoiqu'il fasse il ne pourra pas échapper à l'histoire de sa famille. Le poids de cette histoire pèsera sur toute sa vie, il en souffrira et même ses enfants et ses petits enfants en resteront marqués.

29 janvier 2016

A Sainte-Hélène

Par Zabeth STEPAN

Printemps 1820, Longwood House, austère bâtiment battu par les alizés sur un promontoire de l’île Sainte-Hélène. Napoléon réside depuis cinq ans déjà sur cette île perdue au milieu de l’Atlantique sud, à quelques 2 000 kilomètres des côtes africalongwoodines. Les Anglais, auxquels il s’est rendu après la déroute de Waterloo, l’y ont exilé, presque au bout du monde, pour ne pas risquer  de nouveau un retour de ce Corse diabolique.

Ce matin, le monarque déchu attend la visite de Sir Hudson Lowe, le geôlier intraitable qui lui a été assigné et qui lui rend la vie impossible.

Le voici qui entre. Napoléon l’interpelle assez sèchement, il ne supporte pas l’arrogance de son gardien mais doit lui adresser une requête :

«  Monsieur, mon médecin, François Antonmarchi, me conseille de prendre plus d’activité physique. »

La réponse de Lowe tombe tel un couperet :

« De l’activité physique ? C’est pourtant vous, Bonaparte, qui refusez de sortir pour ne pas vous exposer aux regards… »

La réplique du prisonnier claque :

« Moi, refuser ! Comment osez-vous ? Depuis votre prise de fonction, toutes choses me sont restreintes, mon courrier, mes lectures, mes visites, mes promenades sans surveillance. 

En effet, martèle son interlocuteur, j’ai des ordres pour cela.

Des ordres ! Pas seulement, vous êtes pointilleux, rigide, on aurait pu difficilement trouver mieux pour occuper votre fonction. Que craignez-vous donc ? »

Hudson Lowe ne répond pas. Il a appris à se méfier de Napoléon, ce militaire comme lui qui, au cours de son bref règne, s’est imposé comme un éminent stratège. Il en a gagné des victoires contre les rois de l’Europe : Austerlitz, Iéna, Friedland, Wagram…Il a bien sûr, été informé par ses supérieurs de la puissance que ce conquistador a développée au cours de ses quelques années d’imperator. Malgré tout, un sourire narquois étire ses lèvres, il y a eu aussi des défaites : Trafalgar, la Bérézina, et surtout la dernière, Waterloo…

Il ricane

« C’est évident, je suis l’homme de l’emploi, mais  beaucoup moins méfiant que vous le pensez. Cette fois-ci, vous ne risquez pas de jouer la fille de l’air. Vous ne reproduirez pas votre exploit de l’île d’Elbe. Vous ne pourrez plus nuire au repos du monde. »

Un peu pris de court, Napoléon reste coi. Il pense à ce que vient de lui rappeler Hudson Lowe. Un magnifique souvenir vraiment !

Quitter l’île italienne, débarquer en Provence, remonter vers Paris en suivant cette route qui depuis porte son nom, c’est inoubliable !  Redevenir pour Cent Jours Napoléon ier ! Il occulte la fin, cette terrible défaite, ce « Waterloo, morne plaine, comme une onde qui bout dans une urne trop pleine » comme l’écrira Victor Hugo plus tard. Et maintenant, se trouver là, et dans quel état ! Il faut qu’il se reprenne, son geôlier ne doit pas gagner. Plus calme, il s’adresse de nouveau à son vis-à-vis :

« Monsieur Antommarchi pense que des travaux de jardinage me seraient bénéfiques. Je pourrai aménager les alentours et créer un muret de gazon qui me permettrait de me promener sans être vu. Puis-je avoir votre accord ? »

Le gardien, un peu décontenancé par ce revirement ne trouve pas d’argument pour étayer un refus et répond d’un ton moqueur :

« Si vous pensez que votre santé précaire vous le permet,… faites, faites… Ce me sera un spectacle assez divertissant que de voir un empereur, enfin, ce qu’il en reste, s’adonner à un tel labeur. »

Il rit, mais qu’importe ce ricanement ? Bonaparte sait que cela va le distraire un moment. Il se rend bien compte de la situation. Aucune illusion quant à son avenir. Il n’a plus d’espoir, il ne reçoit plus de nouvelles de Joséphine, de son épouse et de son fils, l’Aiglon qu’il ne verra plus jamais. En outre, sa santé de plus en plus précaire, les douleurs qui le terrassent par moments ne lui laissent, hélas, pas beaucoup de temps.

D’un simple hochement de tête, il remercie le gouverneur anglais et le congédie ; pas de familiarité, juste de la condescendance ; le gardien tourne les talons et quitte la pièce, abandonnant l’illustre prisonnier à sa solitude.

L’avenir a montré que cette activité lui a été pour un temps salutaire, mais pour fort peu de temps. L’empereur s’est affaibli, la maladie et la tristesse l’ont épuisé.

Le sinistre Hudson Napoleon-depicted-at-LongwoodLowe est resté son garde chiourme jusqu’à la fin, le 5 mai 1821. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’il lui a rendu un bref hommage. Celui-ci mérite d’être rapporté :

« Hé bien, Messieurs, c’était le plus grand ennemi de l’Angleterre et le mien aussi, mais je lui pardonne tout. A la mort d’un si grand homme, on ne doit éprouver qu’une grande douleur et de profonds regrets. »

Est-ce qu’il a su que les cendres de Napoléon ont été ramenées en France en 1840 en grande pompe ?

Combien de visiteurs sont venus depuis aux Invalides s’incliner devant sa dépouille ? Ont-ils pardonné les guerres et les morts ? Ont-ils oublié les années passées à Sainte-Hélène ? N’est-il pas devenu un des grands personnages de notre Histoire ?

 

 

 

 

 

29 janvier 2016

Une enfance au coeur de la guerre

Daniel Fainsilber -

 

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C'est une petite ville de l'Oklaoma, aux Etats Unis, un quartier cossu et coquet, des pavillons colorés, des pelouses soignées. Une famille normale. Monsieur et madame Schmidt sont d'origine allemande, les grands parents étant arrivés au début du siècle et très bien intégrés.

Ils ont deux enfants Jacques et Robert, dix et douze ans. Depuis quelques temps le comportement de jacques à changé. Il se replie sur lui, devient agressif et hostile vis à vis de son frère et de ses proches. A l'école les professeurs confirment ce changement, à tel point que les parents demandent l'avis d'un psychanalyste de leurs amis.

Après quelques séances la psychanalyste convoque les parents et leur demande de chercher dans l'histoire de la famille s'il n'y a pas eu quelque chose susceptible d'inquiéter Jacques, quelque chose que l'on aurait caché à l'enfant et qu'il aurait soupçonné. C'est alors que le père manifeste une émotion intense, son visage se crispe, ses mains tremblent. Il explique alors que l'on avait caché à Jacques ses origines. Qu'il avait été adopté en Europe, que l'on ne savait pas la date exacte de sa naissance ni même son nom et encore moins ce qui était arrivé à sa famille. Monsieur Schmidt avait participé en France à la bataille de Normandie au combat en Hollande, jusqu'en Allemagne. Il avait été terrifié par toutes ces destructions et il avait participé à la libération de plusieurs camps de concentration. Il avait découvert un centre d'hébergement pour les enfants dont les parents avaient disparus. Au cours de cette visite, Monsieur Schmidt avait remarqué le regard émouvant d'un petit âgé de deux ans environ, brun et vif, captivant l'attention des visiteurs. Le responsable du foyer avait expliqué qu'il était l'enfant d'un couple de juifs polonais installés à Belleville, à Paris, et arrêtés par la police française en 42. La police, au moment de cette arrestation, avait proposé de confier cet enfant de quelques mois à la gardienne de l'immeuble,qui vraisemblablement avait dénoncés les parents en tant que juifs au commissariat.

Jusqu'en 1945, l'enfant avait connu plusieurs familles d'accueil avant d'arriver dans ce foyer. Personne ne l'avait jamais réclamé, la famille en Pologne ayant été sans doute, elle aussi exterminée.

L'appartement avait été vidé des meubles, des photos et des papiers. De nouveaux locataires s'y étaient installés.

Bouleversé par l'histoire de cet enfant, Monsieur Schmidt avait décidé de l'adopter. Il était arrivé avec lui aux Etats Unis, sa femme avait été immédiatement conquise par le regard de l'enfant, Robert, leur fils à l'époque âgé de cinq ANS avait été surpris par l'arrivée de ce nouveau petit frère mais l'avait vite adopté.

 

Les parents de Jacques ont donc décidé de lui parler davantage de son histoire et Il s'est adapté peu à peu à sa nouvelle identité et s'est trouvé apaisé.

 

Il avait reconnu avoir toujours eu la vague conscience de ne pas être de la famille ce dont il n'avait jamais osé parler. Il avait remarqué ses cheveux bruns et frisés alors que Robert et ses parents étaient d'une blondeur saxonne.

 

Toute la famille avait fait un voyage à Paris et visité son ancien quartier à Belleville, même si il savait ne pouvoir y retrouver trace de sa famille.

Il s'était beaucoup par la suite intéressé aux drames de la guerre.

Depuis aidé par l'affection de ses parents adoptifs, soulagé de pouvoir parler de son histoire, il a gardé cependant une certaine fragilité et un fond d'angoisse. Il a bien réussi dans ses études de psychologie et est devenu psychanalyste.

 

 

 

 

 

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