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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut

15 janvier 2017

Robinsons

Sur une île déserte par Zabeth STEPAN

Qu’il a chaud, soif  et qu’il est fatigué ! Sébastien s’essouffle, ses petites jambes s’épuisent à suivre le rythme infernal imposé par son père. Celui-ci ne manifeste aucune attention, ne se retourne pas, avance impitoyablement à travers la végétation luxuriante, écarte les lourdes feuilles avec des gestes brusques.

Jungle

 Depuis deux jours, ils explorent cette terre inhospitalière. Qu’espèrent-ils découvrir ? Pour le moment, ils ne trouvent rien, rien qui puisse les tranquilliser, qui leur permette d’échapper à cette solitude.

Tels Robinson et Vendredi, il faut comme leurs prédécesseurs se contenter de si peu… Quesion nourriture, quelques fruits nouveaux cueillis sur des arbres inconnus, par chance sucrés et juteux ; ils ont bien tenté de mâchonner de ces feuilles luisantes, elles ont l’air assez appétissantes ;  mais leur texture trop ferme et leur goût bizarre et surprenant les ont inquiétés et découragés. S’ils risquent une intoxication, ce serait une catastrophe !

Heureusement, l’eau ne manque pas, des filets limpides ruissellent dans ce fouillis végétal. Des oiseaux criards volent à travers les branches, impossible de les attraper et de toute façon, comment les cuire ? La question se pose également pour les reptiles effrayants qui ondulent dans la mousse humide. Eventuellement ils pourraient croquer des insectes, ils sont si nombreux, cela se fait dans les pays asiatiques, ils l’ont vu dans des documentaires à la télé, mais là-bas, ils les font griller. C’est affreux d’avoir faim pense  l’infortuné Sébastien dont l’estomac gargouille lamentablement !

L’enfant a peur. Malgré la confiance aveugle qu’il a toujours eue envers son père, cette fois-ci, rien ne le rassure. Et Vincent le père, lui, ne dit mot, il marche, tel un automate, il sent bien qu’il va falloir réconforter son fils, ce gamin adorable qui ne compte que sur lui, parce que maintenant il n’a plus que lui ; il est profondément désemparé et malheureux. Il pense …

Tout avait pourtant bien commencé avec ces vacances extraordinaires programmées depuis plusieurs mois. Un projet un peu fou, mais organisé dans les moindres détails. Son voilier, « l’Invincible », les attendait dans le port de Valparaiso qu’ils avaient rejoint en avion.

Avec ses amis, André, Claudine et leur fils Nicolas, ils avaient embarqué dans la joie un beau matin du mois de juin. Leur  périple devait les amener en Polynésie. Les premières semaines furent idylliques : des escales de rêve, des journées resplendissantes éclatantes de soleil, des nuits féeriques scintillantes d’étoiles, des passages de dauphins bondissants, des vols d’exocets au-dessus des vagues. Bref, le bonheur. Il y avait bien eu quelques passages de mauvais temps, mais rien de vraiment inquiétant… jusqu’à ce mardi 16 août, vilaine date marquée d’une pierre noire.

 

Le vent s’était levé, furieux, secouant le voilier tel un fétu de paille. Les vagues énormes le soulevaient, les gréements craquaient et gémissvoilieraient. Cramponnés aux mâts, ils se croyaient perdus dans les cinquantièmes rugissants, cette zone si redoutée par les navigateurs. Une peur affreuse gagnait les malheureux passagers, les voiles se déchiraient, le danger devenait imminent. Chacun d’enfiler rapidement son gilet de sauvetage, en hâte, ils mirent à l’eau le canot de secours et abandonnèrent leur esquif en perdition. Pourvu que les SOS envoyés dans l’urgence permettent aux secours de les retrouver et de venir à leur aide… C’était le dernier espoir. Puis ce fut le trou noir. Qui avait embarqué, qui avait résisté, qui était sauvé ? Impossible à dire, les souvenirs se brouillaient, peut-être qu’ils avaient perdu connaissance, ballotés par les flots déchaînés. La seule chose dont ils étaient conscients, c’est de s’être réveillés trempés, allongés sur le sable de cette petite île, seuls tous les deux.

Et leurs amis, alors ? C’est pour espérer les retrouver, sûrement échoués eux- aussi qu’ils arpentent ce minuscule territoire en suivant le rivage. C’est pour cela que Vincent appelle, attendant une réponse, mais rien ne se manifeste. Mais alors comment les retrouver ?

Au bout de ces deux jours, découragés, ils réalisent être revenus à leur point de départ. Ils sont seuls, horriblement tristes d’avoir perdu leurs compagnons, sont-ils sur une autre île ? Pauvres naufragés, abandonnés, sans aucun des moyens de communication modernes qui leur sont familiers. Que vont-ils devenir ? Le désespoir les envahit, ils se regardent affolés, père et fils se serrent l’un contre l’autre, muets d’épouvante…

 A ce moment précis, Sébastien relève la tête, pose son stylo et prend la feuille qu’il a noircie d’une écriture fébrile. Son texte l’a absorbé, il n’a pas vu passer le temps, tout à son histoire. Le professeur de français a donné à la classe de 3ième  dont il fait partie, ce sujet de rédaction pour lundi :

« Seul sur une île déserte, vous sentez-vous Robinson Crusoé ? »

Ce thème lui a plu, l’a vivement intéressé et son imagination a fait le reste.

Cependant, il lui reste à trouver une fin. Optimiste, il programmera sûrement que grâce aux techniques de signalisation du voilier, on pourra les retrouver et les sauver ainsi que leurs amis. Encore un peu de courage, au travail, il faut conclure cette aventure et faire en sorte qu’elle reste vraisemblable.

 

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13 janvier 2017

Ma pomme... par Zabeth STEPAN

pommeJe l’ai remarquée, bien rangée parmi ses congénères, elles se ressemblent, c’est sûr, mais c’est   celle-ci qui me plaît, alors, j’en ai choisi quelques unes pour qu’elle ne se sente pas trop seule.

Je les ai ramenées, installées dans mon panier que je balance négligemment en marchant d'un bon pas

Elles sont appétissantes, ces pommes, un peu rouges, un peu jaunes, je ne connaissais pas leur nom ; heureusement, la marchande l’avait noté sur un carton : « Pink Lady ». C’est un nom sympathique. Laquelle vais-je manger ? Bien évidemment celle qui m’avait séduite, elle est attirante avec sa peau brillante et sa petite queue que je ferai tourner et arracher en épelant l’alphabet. Je vais me régaler. Elle est là, posée sur la table de la cuisine et je me demande : « Vais-je la croquer ? Vais-je la peler et la couper avec mon Laguiole ? »

J’hésite… et soudain… une petite voix se fait entendre et m’interpelle ! Mais c’est la pomme qui me parle, tiens donc ! Allons, écoutons-la.

« Attends ! Attends ! Ne te presse pas. Tu n’es pas si impatiente de me manger. C’est bien sûr, tu as fait un choix excellent, je suis vraiment la plus belle. Cependant, laisse-moi te parler un peu. Il faut d’abord que tu me regardes, prends-moi dans tes mains, fais-moi tourner de tous les côtés. Tu sens comme je suis lisse et douce. Et mes couleurs ? Tu vois, elles sont belles, je ne suis pas quelconque comme la reinette toute grise, la Granny Smith, toute verte et la golden avec son jaune si pâle, ne m’en parle pas.

Et puis, est-ce que tu as pensé à ma vie avant que j’atterrisse sur cette table ? Il faut que tu remercies l’arboriculteur qui s’est occupé avec soin de mon arbre porteur. Remercie celui qui m’a cueillie lorsque je suis arrivée à maturité et celui ou celle qui m’a emballée. Remercie encore le transporteur qui m’a amenée à Rungis et enfin la marchande qui m’a élue et installée sur son éventaire ; cependant, reconnais que c’est une grande aventure. J’ai entendu parler d’autres fruits  qui ne voyagent pas autant… En automne, les amateurs peuvent aller les cueillir et en faire des provisions dans des vergers où elles abondent.

Et encore, moi, je n’ai eu qu’une petite vie, je dirais même un peu insignifiante et sans célébrité. Dans mon ascendance, certaines ont acquis une notoriété évidente. Dois-je te rafraîchir la mémoire ?

La première d’abord, elle n’a pas eu un joli rôle, c’est elle qui a été proposée par Eve et croquée par Adam dans le jardin d’Eden. Tu te souviens des conséquences, on a bien dû te les raconter.

Et celles qu’on a nommées les Pommes d’Or du Jardin des Hespérides ? Même si de mauvaises langues colportent que ce ne serait pas des pommes…

Tiens celle-ci encore, celle que la méchante reine a offerte à Blanche-Neige et qui l’a endormie pour longtemps au grand désespoir des sept nains. Heureusement que le Prince Charmant est venu la réveiller. J’aurais aimé moi aussi qu’on me rappelle à la vie avec un baiser, enfin, n’ayons pas d’illusions, je m’attends plutôt à être mordue …

Une autre anecdote  maintenant que j’y pense. Guillaume Tell, tu le connais lui, quel exploit réussi ! Transpercer avec son arbalète la pomme posée sur la tête de son fils, d’accord, la pomme a dû souffrir, si elle avait pu nous le raconter, la pauvre… mais d’elle, on en parle encore.

Devenons un peu scientifique à présent. Faut-il que je te rappelle Newton ? C’est bien grâce à une pomme tombée de l’arbre sous lequel il se reposait qu’il a compris la gravitation universelle. Ce n’est pas rien tout de même, le rôle de la pomme ! Il y a de quoi devenir prétentieux.

Attends,  je ne vais pas parler que d’aventures, nous sommes également des artistes. Peux-tu réaliser en y réfléchissant, le nombre de pommes qui ont servi de modèles à des peintres célèbres : Courbet, Vallotton, Picasso aussi et surtout Cézanne. J’en conviens, lorsqu’elles sont représentées sur leurs tableaux, on les appelle des « natures mortes ». Pas trop sympathique comme titre, mais au moins, elles sont passées à la postérité. Je mettrai à part Arcimboldo, ce peintre Italien qui nous a combinées harmonieusement à d’autres fruits et des fleurs. Je n’oublie pas dans mon inventaire le tableau de Magritte : « La chambre d’écoute » avec sa grosse pomme verte qui occupe tout l’espace. Bizarre, non ?

A présent, je franchis l’Atlantique, et là, New York, tu as vu comment ils l’appellent : « The Big Apple » pas besoin de traduire, je crois. Ces Américains, ils ont même donné notre nom et notre physionomie à une marque d’ordinateurs haut de gamme. Quelle célébrité !

Je vais m’arrêter là, j’ai la mémoire qui flanche… ou bien, je ne pourrais pas tout te raconter, sinon,  ma pauvre, quand mangerais-tu ?

Et puis que te dire encore ? Je peux me féliciter de nos prestations en cuisine grâce à de valeureux cordons bleus. Pense aux pommes au four, aux tartes tatin ou pas, à la compote si douce. Je n’oublie pas la nouvelle cuisine qui nous marie souvent avec bonheur à d’autres produits en des combinaisons originales. Une mention spéciale aux pommes d’amour si craquantes que l’on achète dans les fêtes foraines où elles font la pige à la barbe à papa si peu consistante.

Maintenant que tu m’as sagement écoutée, je t’autorise à me croquer, mais prends encore ton temps, savoure mes saveurs acidulées, ma chair craquante et fraîche. Profite de ce moment de dégustation. Quand tu m’auras avalée, en pensée, suis mon trajet le long de ton œsophage, jusque dans ton estomac, la suite, tu la connais... Quand tu auras fini, quand il ne restera plus que mon trognon, ce serait bien si tu me mettais dans ton compost, ainsi je servirai encore un peu. Ciel ! J’ai oublié de te dire quelque chose : je suis bio, alors, tu peux même manger ma peau. C’est une aubaine, non ? 

Pour finir, il me reste à te donner une information importante. Je suis une source de bienfaits pour ceux qui me consomment, nombreux sont ceux qui y souscrivent et cela dans tous les pays du monde. On en produit partout, en quantité et pas seulement en Normandie…

Note que j’ai aussi côtoyé dans mon voyage des variétés « anciennes » qui avaient été oubliées et retrouvées. C’est intéressant, non ?

Mais quelle bavarde je fais ! Merci de ta patience, je m’arrête. Alors, à toi et bon appétit ! »

Ce long discours m’a tenue en haleine et c’est avec un plaisir sans partage que j’ai croqué dans ce beau fruit luisant.

Est-ce que j’ai entendu un petit « aïe ! »  Je ne crois pas,  ma pomme était sûrement ravie de se retrouver dans mon corps.  Depuis, je n’ai plus jamais mangé une pomme sans faire preuve à son égard de beaucoup de considération. Je me pose néanmoins une question existentielle :

« Est-ce que les Pom-Pom Girls ont un rapport avec les fruits du pommier ? »

Qui sait, une pomme me donnera peut-être la réponse…

une autre me chantera  sûrement avec Maurice Chevalier : « Ma pomme, c’est moi…»  

ou encore  « Pom ! Pom ! Pom ! Pom ! »  avec Beethoven !

13 janvier 2017

Je joue avec les mots

 Zabeth STEPAN

*********************

Je connais un dragon bougon qui vit dans un wagon aux abords de la ville de Saigon et qui mange de l’estragon. Pourquoi de l’estragon ?

Il n’aime pas les pissenlits ni l’aïoli que lui amène Nathalie son amie venue d’Australie et il s’écrie : « C’est de la chienlit !

Donne-les à ce caniche, celui émigré d’Autriche, qui vit avec sa boniche sur une péniche, il fume des cibiches et lisse sa barbiche. »

Nathalie écoute le dragon bougon qui vit dans un wagon aux abords de la ville de Saigon et qui mange de l’estragon. Elle lui dit :

« Ne sois pas jaloux, ce n’est pas un chien andalou avec une gueule de loup, il se repose tranquillou et fait des glouglous,

Regarde, il fait des pirouettes cacahouètes. Dans son oreillette, il écoute une trompette qui lance des pouêt-pouêts et tourne comme une girouette.

D’accord répond le dragon bougon qui vit dans un wagon aux abords de la ville de Saigon et qui mange de l’estragon

C’est fastidieux et même odieux. Mais non, c’est mélodieux et Dieu en l’entendant du haut des cieux a l’air radieux. »

Celui-ci, perché sur son nuage plaint le footballeur qui pète de chaleur courant tel un cavaleur ; il lui dira tout à l’heure à cause des dealeurs :

« Il faut prendre un avocat pour avoir la baraka. Si tu bois toute cette vodka, fini d’être délicat, tu danseras avec fracas comme les cariocas. »

J’ai raconté cette histoire à mon dragon bougon qui vit dans un wagon aux abords de la ville de Saigon et qui mange de l’estragon.

Il a serré les poings, s’est caché dans un coin, a voulu s’enfuir au loin, là où vivent les bédouins…

Et à brûle pourpoint, il s’est écrié : « ta ga da tsouin tsouin ! »

 

8 janvier 2017

Vengeances

 

 Liliane Fainsilber -

 

Kulala Desert Lodge

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tandis qu’un grand vent se levait soulevant au loin un nuage de sable, ils arrivèrent à la fin du jour près d’une ville et Jacob décida de planter là leurs tentes dans la palmeraie. Tandis que les hommes s’occupaient du bétail, les femmes préparaient le repas. Dinah, la fille de Jacob et de Léa,  s’éloigna du campement pour aller chercher de l’eau au puits. Elle y rencontra quelques jeunes filles du lieu. Tandis qu’elle bavardait avec elles, Sichem, le prince de la ville, la vit et comme il la trouvait très belle, il l’enleva et la viola.

Il est cependant dit dans la bible qu’il aima la jeune fille et qu’il parla aussi à son cœur, malgré ce premier contact plutôt musclé. Ils étaient donc tombés amoureux l’un de l’autre  et il voulait l’épouser.

 

Pourtant, lorsqu’ils apprirent la nouvelle, les fils de Jacob voulurent venger l’honneur de la famille et pour cela montèrent un cruel stratagème. Ils firent semblant d’accepter ce mariage mais à une seule condition que tous les hommes de la ville, y compris bien sûr Sichem et son père, soient circoncis. De ce fait même, ils leur promettaient qu’ils échangeraient leurs filles entre eux et deviendraient un seul peuple.

Ils procédèrent donc à la circoncision. Mais au bout de trois jours, alors que tous les hommes de la ville souffraient encore de cette douloureuse intervention  et n’étaient donc pas au mieux de leur forme,  les fils de Jacob se jetèrent sur eux et les exterminèrent au fil de l’épée. Ils emmenèrent avec eux leurs femmes et leurs enfants et surtout toutes leurs richesses. Toute la ville fût pillée. Jacob ne semblait pas trop d’accord, puisque il reprocha à deux de ses fils de l’avoir rendu odieux aux habitants du pays, aux cananéens,  et qu’ils devraient désormais  s’attendre à des représailles, alors qu’ils étaient peu nombreux pour pouvoir se défendre efficacement,  mais Siméon et Lévi se justifièrent en disant qu’on ne pouvait pas traiter leur sœur comme une prostituée. Ce fut sans doute là le début d’une bien longue histoire de victoires et de défaites dans la conquête mouvementée de ce pays d’Israël par le peuple juif.   Elle dure encore.

29 décembre 2016

Une soirée agitée

f89ab820ed0fcb91bef46981ba5315f8Liliane Fainsilber -

Colombe avait terminé son article qui devait paraître dans la rubrique des faits divers. Elle y mentionnait qu’un gorille s’était échappé du Zoo de la ville et avait affolé les populations. En fin de soirée, aux nouvelles, elle avait entendu qu’il n’avait pas encore été retrouvé. On ne savait pas encore où le chercher. Elle avait ensuite rangé son bureau et mis de côté une invitation à une exposition de peinture au château de Montmorency.  Elle quitta le journal au moment où il était mis sous presse, ne voulant pas jouer les mouches du coche au moment où tous ses collègues terminaient sa mise en pages.

 Arrivée chez elle, beaucoup plus tôt que d’habitude, elle découvrit que son mari, qui sirotait un verre d’alcool, tout  surpris de la trouver déjà là,   la regardait avec étonnement comme si elle était une extraterrestre. Un deuxième verre à moitié vide était posé sur la table du salon. Cela attira d’emblée son attention.  Elle se dirigea vers sa chambre pour se reposer avant le repas et se faire couler un bain, mais quelle ne fût pas sa surprise lorsqu’elle découvrit que leur salle de bain était occupée : une femme  se prélassait voluptueusement dans sa propre baignoire. Furieuse, elle se précipita sur elle et lui crêpa vigoureusement le chignon, la traitant de salope, de traînée et de sale toupie. Dans sa retraite précipitée, la victime mit en fuite le chat de la maison qui prit de panique miaulait ne sachant où se réfugier.  

Pour se calmer, Colombe sortit faire une grande balade au clair de lune.  Demain elle aviserait.

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25 décembre 2016

les aventures de la mère Macmiche

Liliane Fainsilber -

 

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Dans son manoir en grande partie en ruine, cette vieille toupie de mère Macmiche venait de souper d’une soupe aux choux et d’une miche de pain qu’elle avait partagé avec son chien. Comme elle avait très mauvais caractère personne ne lui rendait jamais visite. Aussi fût-elle très étonnée de voir surgir sur le pas de sa porte un petit homme vert. D’après la description qu’en faisaient les chercheurs de soucoupe volante (soucoupe qu’ils prétendaient toujours avoir vue), il lui semblait bien qu’elle avait affaire à un extraterrestre. Elle en fût d’autant plus étonnée que son chien qui aboyait devant tout intrus n’avait pas aboyé à son arrivée, comme s’il le connaissait de longue date.

Cet extraterrestre parlait parfaitement le français et s’adressant à elle, encore que dans un français très châtié,  lui demanda où il se trouvait, car, tous les appareils de son engin ayant été endommagés et perturbés au moment de son arrivée dans l’atmosphère terrestre, il se sentait complètement perdu. Il se présenta sous le nom d’Olibrius et lui raconta qu’il était tombé en panne dans la clairière voisine avec sa soucoupe volante.

Curieuse, elle demanda à la visiter et, ayant mis ses sabots,  ils s’acheminèrent ainsi vers la clairière. Elle monta par une échelle étroite dans son engin, ce qui,  à son âge, n’était pas évident du tout, et, une fois dans les lieux,  quelle ne fût pas sa surprise de voir, occupant presque tout l’espace,  un énorme gorille dans une cage. Olibrius lui expliqua qu’il l’avait enlevé dans un Zoo pour le ramener sur sa planète. Cet extraterrestre croyait en toute bonne fois que cette terre était peuplée de gorilles et que c’était eux les maîtres du monde. Il en avait déduit que les hommes n’avaient pas plus d’importance pour les gorilles  que des milliers de fourmis ou de termites.  Il comptait donc ramener ce spécimen pour pouvoir mieux l’étudier, une fois rentré chez lui ; La mère Macmiche pensa, à part elle, que dans son désir de retrouver ses pénates, ce petit homme vert n’était pas au bout de ses mésaventures.  Il pouvait en effet  se tromper d’orbite et être  condamné à tourner, avec son gorille, dans l’espace pour l’éternité. Elle rentra chez elle, ayant satisfait sa curiosité. Elle ferma sa porte à double tour, de peur qu’Olibrius ne se ravise et veuille l’emmener elle aussi sur sa planète comme brillant spécimen de l’espèce humaine.

Le lendemain elle raconta cet événement surprenant  à sa voisine mais celle-ci la prit pour une folle. Peut-être avait-elle raison.

24 décembre 2016

Les mouches

Liliane Fainsilber -

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La marquise, madame de Sainte Colombe, après avoir fait sa toilette aidée de sa suivante, avait placé avec adresse une première mouche au coin de sa lèvre et une seconde entre ses deux seins. Cette dernière ne pouvant être vue que par un regard plongeant et appuyé. Se contemplant, dans son miroir, elle se pensait incontestablement fort séduisante. Ainsi apprêtée, elle se dirigea vers  le grand salon du château où elle reçut avec affabilité tous les notables de la région. Au cours de la conversation, le duc d’Amarante, l’invita à venir voir son élevage de colombes, en même temps que ses estampes japonaises, mais la marquise, fine mouche, lui répondit qu’elle était, en cette période de Noël,  très occupée avec ses bonnes œuvres et que ce serait bien de remettre ce projet à plus tard. Pour la convaincre, sachant qu’on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, le Duc lui décrivit avec force détails les fastes de son château. Elle ne semblait pas insensible au charme de ses paroles, mais il pensa sagement qu’il valait mieux ne pas se faire trop d’illusion à son égard et donc ne pas bâtir trop vite  des châteaux en Espagne. Il  reviendrait éventuellement à la charge.

En partant,  il abandonna discrètement sur un guéridon, comme un hommage, un exemplaire relié de fine peau, le livre d'un auteur connu, « Les mouches assassines». Il le lui avait tendrement dédicacé. Mais le lirait-elle ?

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24 décembre 2016

la vie de château

Liliane Fainsilber -

 

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Le chat affamé se glissa par une porte dérobée dans le château, il entra dans la grande salle de réception et exerçant son flair trouva sans peine le chemin de la cuisine où il pût se sustenter de quelques bouts de fromage et de saucisson qui avaient été laissés là par la cuisinière. Il continua ensuite son exploration des lieux.  Montant à l’étage, ayant entendu l’eau d’une baignoire qui coulait, il espéra, après ce festin,  pouvoir étancher sa soif. C’était en vain, car dans cette baignoire se trouvait alanguie et en partie endormie, madame la Duchesse. Malgré son intelligence de chat, il ne put pas saisir qu’elle avait sans doute pris une bonne dose d’alcool. Trompée par monsieur le Conte avec la soubrette, elle y avait noyé son chagrin. Le chat  se retira prudemment et montant dans les combles du château, se livra un temps à son jeu favori, celui du chat et de la souris,  quand, par l’une des fenêtres, à la lumière du clair de lune, il aperçut sur le toit une petite chatte qui miaulait et qui l’appelait. Il la rejoignit tout aussitôt et ce fût une bien belle nuit d’amour.

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22 décembre 2016

Paroles de pierres

Bernadette Zygart

 

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Me faire parler ? Mais pour quoi dire ? Que mon choix s’inspire de vie éternelle parce que je suis, toujours,  curieuse du lendemain, qu’à cause de cela je veux vivre plus longtemps que l’être humain ?

Mais selon mon choix, je peux être caillou, roche ou galet ; le lieu pourrait être : campagne, montagne ou mer ; alors, qu’aimerais-je être ?

A la campagne, foulée aux pieds sur les chemins de toutes saisons, sur une route fréquentée par des pèlerins en route vers Compostelle :  leurs conversations doivent être intéressantes, quoiqu’ils doivent souvent parler de l’état de leurs pieds –les pauvres !- et s’échanger des recettes anti-douleurs…

Je m’imagine aussi très bien à la montagne –l’été bien sûr-  car l’hiver je disparaîtrais sous la neige, ou alors je serais de la dimension d’une grosse roche, repère de randonnée, servant de siège au marcheur fatigué, ébahi par la beauté des lieux….je me ferais confortable pour qu’il s’attarde dans son émerveillement et que nous partagions des moments de paix : ah oui ! roche au bord d’un chemin de montagne avec vue sur le versant opposé, cela me conviendrait assez. Le « hic » arriverait avec l’hiver…Je n’aimerais pas disparaître quelque temps.

Reste le bord de mer, encore d’agréables moments ! Serais-je roche au bord de l’eau ? Galet sur la plage ? Avec le souci de ne pas me faire capturer dans quelque recoin de sac de collectionneur, non, merci ! Alors plutôt la roche qui abrite la crevette pourchassée par un filet de pêcheur amateur ; cacher le crabe, ah, oui ! Cela j’aimerais, servir de refuge  dans le bruit du clapotis, du ressac. Il y aurait bien sûr les jours de tempête, mais j’attendrais, c’est tout, que cela se termine.

Eh bien, voyez-vous, roche ou caillou, c’est quand même difficile de choisir son lieu d’éternité !

Bernadette

Novembre 2009

22 décembre 2016

Vent de sable

Liliane Fainsilber -

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Au loin dans les dunes de sable, quelques tentes de nomades étaient entourées d’un halo doré. Dans le modeste hôtel du village, un repas fut servi au voyageur. Mais il en était à peine au potage lorsqu’un vent violent se leva soulevant un nuage de poussière.  Un temps  les branches des palmiers de l’oasis furent  violemment secouées, puis le vent s’apaisa. Herbert profita alors de l’esprit du lieu, de sa poésie et de sa beauté. La silhouette d’une longue caravane de chameaux se découpait à l’horizon et  se précisait peu à peu au fur et à mesure de son  avancée. Dans le lointain,  on entendait les chiens sauvages qui aboyaient. Déjà le soir tombait. La lune se mit à briller dans le ciel immense du désert. Leila, discrètement, vint desservir.  Il se sentit heureux.

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  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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