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Atelier d'écriture de l'écoute-s'il-pleut
25 avril 2019

Promenade en famille

 

 Bernadette Zygart 

 

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Débouchant d’un buisson, deux yeux, deux yeux qui fixent ; pas un muscle de la face ne bouge, la tête est figée.

Elle ne sait pas encore que je l’ai vue ; comme elle est belle ! Si seulement nous pouvions nous parler… Hélas ! je n’aurais pas le temps d’ouvrir la bouche…

Je prends la précaution de reculer, surtout sans faire de bruit ;deux ou trois mètres encore et l’abri du 4x4, je serai sauvée ! Mon Dieu, je crois qu’elle a avancé, elle m’a vue aussi, mon cœur bat au moins à 100 à l’heure.. et nos regards se croisent, c’est fichu ! Elle ouvre la gueule, elle baille - quelle mâchoire ! – sort un son qui ne ressemble pas à un miaulement, plutôt d’un souffle qui vient du gosier, pas du nez…

Laquelle de nous deux va surprendre l’autre ? Mais..alors, je ne lui plais pas, la voilà qui fait demi-tour et s’éloigne lentement. Je l’appelle « Titi », et lui parle doucement, la flattant un peu. La trouille me quitte, je regrette de la voir partir. Quelle bête superbe .

Soudain le buisson est de nouveau secoué ; si c’est Monsieur Tigre, je suis mal ! Il n’en est rien ! qui voilà ? Trois bébés tigres..C’est donc pour cela que la mère ne m’a pas attaquée…elle était avec ses petits et n’a pas voulu prendre le risque de se mettre en danger..Si elle savait à quel point j’étais inofensive !

 

Les jours suivants, je revis la tigresse et ses petits, le trio était très attachant, et j’aurais facilement donné de mon temps pour les apprivoiser ! Et je ne le jurerais pas mais…j’eus l’impression qu’elle s’intéressait à moi, elle aussi. Les petits, moins farouches, galopaient autour d’elle et de toute évidence, ma présence ne le affolait pas ! A tel point qu’ils se comportaient comme des chatons : s’amusant à « faire le gros dos » croyant m’impressionner sans doute.

 

 

 

Je ne faisais pas grand-chose, hormis leur parler d’une voix douce, car je ne voulais pas susciter la jalousie maternelle – redoutable - , je n’aurais pas donné cher de ma peau !

Au fil des jours, j’eus l’impression qu’elle s’habituait à moi – m’attendait peut-être – la chose me fut racontée par l’équipe soignante de la réserve. Sans vouloir anticiper, je me félicitai de cette sorte de contact établi avec un fauve : on se regarde de loin, on s’observe, mais cela n’empêche pas les sentiments !

J’eus la réponse à cette question le jour où, après une absence prolongée, je retournai à l’endroit habituel. Je n’eus pas à attendre longtemps….quelques «Titi » suffirent et le buisson frémit, précédé d’un grognement que je connaissais bien. Comme la première fois elle est apparue, me fixant de son regard pénétrant, magnifique, envoûtant.

Hélas ! ce fut notre seul échange, long, appuyé. : je lui ai demandé des nouvelles de ses petits (pour meubler le silence !) mais bien sûr la conversation fut de courte durée.

Je lui parlai avec une infinie douceur puis elle fit demi-tour lentement, et s’éloigna accompagnée de mes « Titi » attristés…

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  • L 'écoute-s'il-pleut est un moulin au bord d'une petite rivière qui fonctionne lorsqu'il pleut. Dans cet atelier,animé par Christelle Prévôt, nous attendons avec plaisir qu'il pleuve des mots en abondance, puisque ce sont eux qui alimentent nos textes.
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